INSTITUT LUMIERE : L'HOMME TRANQUILLE

23 films à découvrir dont 5 muets accompagnés, en live, par un pianiste pour recréer les ambiances d'antan. Une remise à niveau qui accompagne la sortie d'une biographie intitulée A la recherche de John Ford, une vie de Joseph McBride.
Pour ceux qui ne connaissent pas le réalisateur, ceux qui n'ont jamais passé la moindre soirée devant feue la Dernière séance d'Eddy Mitchell et qui ne peuvent attendre d'avoir entre leurs mains le livre édité par l'Institut Lumière et les éditions Actes Sud, rappelons que le destin de John Ford est lié à celui des studios Hollywoodien et peut-être même à celui de l'Amérique toute entière. Idéaliste, besogneux, alcoolique, coléreux, égocentrique, dépressif, que l'on sous-entend tantôt raciste, tantôt pro-indien, patriote ou parfois moins américain qu'irlandais, John Ford porte en lui l'héritage de ses pionniers qui ont façonné les Etats-Unis.
Le rêve américain
Tout commence en 1916. John Ford, né John Martin Feeney, après avoir rejoint son frère à Hollywood, est engagé par les studios Universal comme assistant réalisateur. Un an plus tard, alors accessoiriste, il remplace sur le fil un réalisateur absent et tourne son premier film, The Tornado. Le rêve américain dans toute sa splendeur, Ford enchaîne les tournages. Reconnu pour ses westerns, il n'en demeure pas moins un cinéaste qui rendra hommage au commun des mortels : immigrants, pionniers, fermiers, ouvriers et militaires sans médaille... Parmi ses innombrables chef-d'œuvres Vers sa destinée, Le Mouchard, Les Raisins de la colère, La Chevauchée fantastique, La Charge héroïque, Qu'elle était verte ma vallée demeurent quelques incontournables. Mais John Ford fut paradoxalement considéré comme un réalisateur réactionnaire et raciste. Il soutient pourtant les Républicains en Espagne, lutte contre le nazisme, s'oppose au maccarthysme... Il est le premier à traiter au cinéma les indiens avec humanité. Humanité qui, aux dires de certains, n'était pas débordante lors de ses directions d'acteurs. Thomas Mitchell disait alors : "Ford est le fils de pute le plus vicieux que j'ai jamais vu. Il dévore les acteurs et les recrache. Il brutalise n'importe quelle équipe. Mais je ramperais sur ces foutus rochers en plein midi pour retravailler avec lui". Personnage entier (à l'exception d'un œil), emprunt de doutes et de contradictions, John Ford a traversé le siècle dernier au rythme des crises qui ont ébranlé son pays. Il s'éteint en 1973 à l'âge de 79 ans. Il laisse derrière lui un John Wayne inconsolable, une œuvre colossale et une emprunte éternelle sur le cinéma américain.

Rétrospective John Ford. Du 31 août au 4 novembre 2007 à l'Institut Lumière, 25 rue du Premier-Film, Lyon 8. 04 78 78 18 95. www.institut-lumiere.org

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