A 6 mois du scrutin, les noms d'oiseaux volent déjà.
Lyon Capitale : La semaine dernière, Gérard Collomb (PS), conforté par un sondage, déclarait que "c'est cuit" pour vous. Comment pouvez-vous redresser la barre ?
Dominique Perben : Je trouve ridicule d'aller si vite en besogne. Collomb fait preuve de beaucoup d'imprudence ! Six mois à l'avance, l'équipe sortante bénéficie nécessairement d'un avantage. Ce qui est surprenant, c'est que l'écart ne soit pas plus fort. Car les projets et les équipes ne sont pas encore connus.
Votre comptez sur Sarkozy. Il souffle le chaud et le froid avec vous : on vous a vu à ses côtés le soir de sa victoire, mais on a lu aussi des échos dans le Canard Enchaîné, où il vous dit que si vous perdez "Lyon s'en remettra"...
(sourire) Il vaut mieux prendre en compte les faits que les échos du Canard Enchaîné, sortis de je ne sais où... Je suis sûr de l'amitié de Nicolas. Depuis que j'ai annoncé ma candidature, il est venu 4 fois me soutenir ! L'élection municipale de Lyon est importante pour lui.
Malgré tous vos efforts, la droite lyonnaise n'est pas encore rassemblée. Millon est toujours là, Comparini aussi ...
On n'est pas en mars 2008. Je suis convaincu que le rassemblement se fera, et même au delà de la droite traditionnelle. Aujourd'hui, tous les observateurs s'accordent à dire que ça se jouera entre Perben et Collomb.
L'ouverture Sarkozy est plébiscitée. A Lyon, Collomb assure que c'est lui qui la fera, pas vous...
Il dit ce qu'il veut... D'ores et déjà, mon porte-parole, Philippe Genin, vient de la gauche. D'ailleurs,
Collomb avait exercé des pressions sur lui. Et d'autres nous rejoindront.
Mais Collomb vous complique la tache en menaçant ceux qui voudraient vous rejoindre !
Cette déclaration est proprement incroyable. J'ai de la peine à imaginer qu'un homme politique, aujourd'hui en France, au XXIe siècle, puisse menacer des gens. C'est extrêmement grave, invraisemblable ! C'est une attitude antidémocratique et contraire à l'esprit de tolérance.
Pourriez vous être candidat à la présidence du Grand Lyon, sans avoir gagné la mairie de Lyon ?
C'est vrai qu'il y a de fortes probabilités que la droite soit majoritaire au Grand Lyon, même en ne gagnant pas à Lyon. Si cela se produit, il faudra que la droite détermine une candidature. Mais la question ne se posera pas, puisque je vais gagner Lyon !
Collomb dit qu'il gardera le Grand Lyon quoi qu'il arrive, car "les petits maires" lui sont acquis...
Je ne suis pas dans le secret... Mais je trouve cette attitude méprisante. Et je tiens à dire qu'à mes yeux, il n'y a pas de "petits maires", il n'y a que de petites communes ! C'est extravagant ! Il n'y a pas d'intercommunalité, sans respect des élus. Lorsque j'étais président de l'agglomération de Chalon-sur-Saône, je réunissais l'ensemble des maires avant chaque conseil, pour m'assurer de leur accord sur l'ordre du jour. Si un dossier posait problème à l'un d'entre eux, on le retirait.
Le bilan de Gérard Collomb semble bon, avec vélo'v, les berges, le Confluent... Difficile dans ces conditions de s'opposer, non ?
Dans le bilan de Collomb, il y a beaucoup de choses initiées par Raymond Barre. Bien sûr que c'est bien, même si on peut discuter de la façon dont elles ont été mises en oeuvre. S'agissant des vélos - une idée de Decaux - on aurait dû se préoccuper des pistes cyclables. Pour les berges, il faudra être attentif à ce qu'elle ne vieillissent pas prématurément. Mais le débat n'est pas là : l'important, c'est quels sont les grands projets qu'il faut mettre en oeuvre pour donner un nouveau souffle à Lyon et comment améliorer la vie quotidienne.
Quand dévoilerez vous vos projets ?
Au fil de l'actualité. On a beaucoup de propositions à faire, puisqu'on y travaille depuis trois ans. Mais mon projet n'est pas figé. Une campagne, c'est vivant ! C'est théoriquement un débat. Malheureusement, Collomb refuse de débattre avec moi, quelque soit le sujet.
On vous a déjà beaucoup entendu parler de circulation. Est-ce que ce sera un de vos thèmes de campagne ?
C'est sûr qu'il faut une rupture ! La situation est intenable. La ville souffre d'asphyxie. Tous les automobilistes coincés dans leur voiture le vendredi à 17 heures peuvent dire merci Collomb. En 7 ans, il n'a rien fait pour le tronçon ouest du périphérique, alors que c'était directement de sa responsabilité ! C'est un échec incroyable, un point noir de son bilan.
Comme vous avez été ministre de la Justice, Collomb craint une instrumentalisation de "l'affaire Saint-Fons" (financement du PS du Rhône)...
Je trouve ces propos insultants à mon égard. J'ai 20 ans de vie politique derrière moi, je n'ai jamais participé à de telles manoeuvres. Que M. Collomb se renseigne ! Il prétend aussi avoir des dossiers sur moi... Qu'il les donne à la justice s'il en a ! C'est son devoir. Je rappelle que l'article 40 du code de procédure pénale fait obligation de faire connaître à la justice des faits répréhensibles... s'il y en a ! Je trouve déplorable ce type de propos.
Collomb évoquait l'affaire Aubert, qui était votre trésorier de campagne à Chalon-sur-Saône. Est-ce aussi une affaire de financement de la vie politique ?
Ce monsieur a été jugé, il exécute sa peine. Jamais mon nom n'a été cité, ni dans l'instruction, ni dans le procès. Vous imaginez bien que si cela avait été possible, mon nom aurait été cité.
Pendant l'été, on a appris que le gouvernement français avait renoncé à demander une aide européenne pour la partie française du Lyon Turin. Comme ministre des Transports, vous en aviez pourtant fait une "urgence"...
Ah non, ce n'est pas ça qui s'est passé ! Ça fait encore partie des inventions de M. Collomb... Il ne faut pas raconter n'importe quoi sur un dossier sous prétexte qu'on ne le connaît pas. Dans
Lyon-Turin, il y a deux aspects : le tunnel, pour lequel des crédits ont été demandés, et les voies d'accès françaises. Pour celles-ci, on n'a pas demandé de crédits sur les programmations pluriannuelles, car on savait par Jacques Barrot (commissaire européen) qu'on n'avait aucune chance, mais on en demandera, le moment venu, sur les programmations annuelles. Le projet n'est retardé en rien !
Soutiendrez vous le projet de grand stade de l'OL ?
Bien sûr. J'avais aidé M. Aulas pour que la législation rende cette opération possible. S'agissant du choix du site, qui dépend de M. Collomb, je suis par contre très inquiet. Ce choix, fait dans la plus grande opacité, a surpris l'ensemble des élus, à commencer par le maire de Vénissieux, M. Gerin, qui a démissionné de l'exécutif du Grand Lyon. On n'y voit pas clair sur la desserte du site et les implications financières pour le contribuable. Je suis très favorable à un grand stade privé pour l'OL, mais le dossier est très mal géré par M. Collomb.
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