Hormis l'événement douloureux qui marqua la résistance - l'arrestation de Jean Moulin -, qui connaîtrait cette charmante banlieue, essentiellement bourgeoise, paisible, qui a, ou avait, jusqu'à ce jour l'art de produire des femmes et des hommes politiques agissant en bon serviteur de leur cité, sans ambitions nationales ? Toutefois cette commune incarne la plus grosse agglomération de droite du département.
Ce climat tempéré a changé. Une révolution de palais vient de se produire. Les visages crispés montrent la douleur tel César devant Brutus. Le député de la 5ème circonscription, annoncé candidat à la Mairie d'Ecully, vient de changer de stratégie. Philippe Cochet, proche de Nicolas Sarkozy, vient de pousser vers la sortie le Maire de Caluire et Cuire, Alain Jeannot. Le coup de poignard est traditionnel... les ordres viennent d'en haut. Le pansement aussi, Alain Jeannot aura l'investiture pour le Canton de Caluire au renouvellement de mars 2008. Mais les us et coutumes locales sont malmenés. En 1997, Alain Jeannot avait pris en douceur la succession d'un ancien maire pris dans les méandres d'un contentieux électoral qui tourna a sa défaveur jusqu'à une sanction d'inéligibilité ; et les élus les plus politiques avait été écartés.
Ce serait une erreur de réduire cette révolution de palais à un nouvel épisode des guerres picrocholines que se livrent au sein de l'UMP les hards et les softs. Dans le même temps, Philipe Cochet manie le bâton à l'encontre des maires des " petites communes " : ceux qui voudraient rester dans le flou pendant la campagne électorale des municipales risquent de voir des candidats " jeunes loups " et " UPM bon teint" les concurrencer et leur réserver le sort d'Anne Marie Comparini. La manœuvre est limpide. Miser sur l'échec de Perben pour se faire élire Président du Grand Lyon en réunissant toutes les voix des villes de droite et des communes moins importantes.
Une telle intrigue n'est pas sans avantage : un vrai débat d'agglomération (la politique communautaire ne peut pas se réduire à la somme des politiques communales et les Verts défendent l'élection au suffrage direct), une partie de l'UMP va continuer à savonner la planche de Dominique Perben... mais pas trop car il faudrait, selon elle, que Gérard Collomb gagne la ville de Lyon sans augmenter le nombre d'arrondissements à gauche.
En 2001, Gérard Colllomb avait su tirer bénéfice, adroitement, de la division du RPR entre hards (Meyer) et softs (Buffet, Maire d'Oullins) pour obtenir une majorité pour son élection à la présidence du Grand Lyon.
Le même scénario pourrait bien se reproduire. Dès que les méthodes brutales du bras armé de l'Elysée seront mieux connues, il faudra espérer que tous rechercheront une solution qui évitera le pire pour l'agglomération lyonnaise. Le développement harmonieux d'une communauté urbaine de 57 communes passe par une gestion apaisée loin des ambitions nationales, c'est à dire un élu exclusivement tourné vers tous les territoires avec équité.
Etienne TETE
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