"Le marché" a ce pouvoir d'agréger les croyances individuelles des opérateurs et les turbulences de cet été peuvent, à ce titre, être vues comme une forte auto-déception de la croyance collective. Les innovations financières dans le domaine de la titrisation de portefeuilles de crédit devaient favoriser l'investissement, la consommation et donc la croissance - probablement - mais à quel rythme et avec quels risques ?
Les avertissements et explications apportées par l'économiste Maurice Allais(1) lors de la crise financière de 1998 semblent à nouveau parfaitement s'appliquer : "la croyance dans la hausse suscite la création ex nihilo de moyens de paiements bancaires et l'appréhension de la baisse engendre la destruction des moyens de paiement antérieurement créés ex nihilo".
"Rassurer le marché"
Il revenait donc mardi dernier à la banque centrale des Etats-Unis de "rassurer le marché" et le marché de jouer le jeu en pariant que la majorité des opérateurs feraient, dans un premier temps, mine de croire que cette baisse du taux d'intérêt était suffisante pour compenser le différentiel de risque qu'il ne prenait pas bien en compte ces quatre dernières années !
Ce jeu convenu des anticipations réalisées par chaque opérateur, non seulement sur la base de ses analyses et convictions sincères, mais aussi sur sa perception des anticipations réalisées par le groupe conduit à des fluctuations complexes et une psychologie collective avec laquelle doivent composer les banques centrales et les acteurs de "l'économie réelle" qui, le rappelle le patron de la Fed, Ben Bernanke, ressort aujourd'hui fragilisée par cette crise.