LOGEMENT : BOUTIN FAIT PSSCHITT...

Mais à budget constant, difficile d'être à la hauteur de cet ambitieux programme. La délocalisation du ministère du logement place Bellecour et ses "réunions de chantier" pouvaient-elles la donne ?

"Il va se passer des choses très importantes à Lyon", avait annoncé Christine Boutin, dans Lyon Capitale, la veille d'installer son ministère du logement dans des Algeco, place Bellecour. Depuis son arrivée, en bottes ou en escarpins, la ministre a signé une série de conventions avec les partenaires de l'Etat (pour la vente des terrains de l'Etat, pour des crédits bonifiés ou pour l'aide à la réhabilitation). Elle a aussi rencontré les associations, visité Vaulx-en-Velin et prononcé son discours de politique générale en clôture du congrès des HLM. A aucun moment elle n'a annoncé de nouvelles lignes budgétaires. Maigre bilan au regard de "la grande cause nationale" qu'est la construction de 500 000 logements dont 120 000 sociaux. "C'est bien de vouloir faire bouger tous les acteurs dans le même sens. Mais depuis que l'Etat est déclaré impécunieux, elle ne peut faire aucune annonce spectaculaire, confie un cadre de l'Union Sociale pour l'Habitat (organisateur du congrès HLM). Elle essaye donc de faire financer l'effort de construction par les autres". Les "autres", ce sont les bailleurs sociaux et les collectivités locales. "Elle n'a pas dit un mot sur les collectivités, alors que nous finançons à moitié la construction de HLM", explique Marie-Odile Novelli, vice-présidente (Les Verts) de Rhône-Alpes en charge de la politique de la ville. "A travers les différentes mesures de défiscalisation type De Robien, l'Etat finance davantage le privé que le logement social, explique Louis Lévêque, adjoint au logement (PC) de Lyon. Il n'y a eu aucune annonce pour inverser cette tendance. Or avec l'envolée des prix du foncier, nous ne pouvons plus continuer à financer seuls l'acquisition des terrains". Même son de cloche chez les bailleurs : "Il n'y a pas assez de terrains disponibles et d'entreprises pour répondre à la demande. Résultat : à court terme les prix de l'immobilier vont encore grimper alors qu'ils ont déjà été multipliés par deux depuis 1999 ! C'est sympathique alors d'annoncer 500 000 logements nouveaux par an, mais comment va-t-on passer du principe à la réalisation ?" s'interroge Jean-Pierre Fort, le directeur de l'Opac du Rhône.

Christine Boutin sait aussi être percutante. Elle a confirmé qu'une partie des financements viendrait de la vente de 40 000 logements sociaux par an comme prévu par le président Sarkozy. Malgré l'opposition majoritaire des bailleurs HLM, elle a prévenu qu'en l'absence d'accord, elle ferait passer une loi. Jean-Pierre Giacomo, le président de la Confédération Nationale du Logement, s'emporte : "L'urgence n'est pas de faire une France de propriétaire, mais de trouver un toit pour tout le monde ! "

Place Bellecour, camp retranché
Des associations entendent faire de la deuxième semaine de Christine Boutin à Lyon un rendez-vous de mobilisation. Objectif : l'adoption de mesures d'urgence sociale. Lundi, c'est le DAL (Droit au Logement) qui vient place Bellecour pour une "nuit des sans". A la clé une revendication : l'application immédiate de la loi sur les réquisitions pour mettre 100 000 logements à disposition. Mardi à 14h, l'Unef fait une action "coup de poing" en installant ses tentes "deux secondes" pour revendiquer plus de logements pour les étudiants. Et mercredi à 10h, ce sont les chauffeurs de taxi qui en profitent pour manifester, avec leur outil de travail, de Bellecour à la préfecture. Rien à voir avec le logement, ils exprimeront leur refus de voir leur profession déréglementée à la suite des travaux de la commission Attali.

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