Libéral décomplexé, ce quadra cogne sur Collomb, qu'il menace désormais directement en briguant la présidence du Grand Lyon.
Lyon Capitale : Depuis la rentrée, vous êtes le nème2 de l'UMP national. Vous avez vécu de l'intérieur les "couacs" entre le parti et le Président, notamment sur "l'ouverture"...
Philippe Cochet : N'en déplaise à certains, le patron de l'UMP, c'est Nicolas Sarkozy. Vu l'état de la France, on a besoin de tout le monde. Et ça permet de faire éclater les codes de partis sectaires. Sur l'ADN, le débat a surtout eu lieu à l'intérieur du gouvernement. Je m'en réjouis. La seule opposition qu'on ait actuellement, c'est Villepin. Moi ça ne me pose aucun problème que le débat soit incarné par l'UMP. Et je crois que le rôle du parti va se renforcer. En face, ils n'ont que l'injure en réponse. Il y a pourtant une génération intéressante au PS, avec un vrai potentiel : les Benoît Hamon, Dominique Valls, Gaëtan Gorce... Ils sont complètement étouffés par leur maison mère.
Vous êtes aussi une figure montante, à droite. Votre candidature à Caluire peut même faire de vous le nouvel homme fort de la droite au Grand Lyon...
Caluire, ce n'était pas prévu. On a discuté avec Alain Jeannot (le maire UMP sortant). Caluire, c'est un enjeu très important. C'est la 4e commune du département, et la 1ère UMP. J'ai eu le bonheur d'y obtenir 53% au premier tour des législatives. Il faut maintenant bâtir un projet, que l'on trouve des idées qui ne coûtent pas cher et qui ait une implication rapide.
Des bonnes idées pas chères, est-ce la base d'un projet pour le Grand Lyon ?
Oui. On peut trouver des choses qui changent la vie des habitants, sans tirer des chèques sans fin sur leur dos. On ne peut pas dire qu'il faut redonner du pouvoir d'achat aux Français et augmenter les impôts des collectivités locales.
Peut-on imaginer que Lyon reste à gauche, avec un président du Grand Lyon de droite ?
D'abord, je souhaite que Lyon bascule à droite avec Perben. Aujourd'hui, il y a une situation hybride au Grand Lyon puisque la majorité est à droite, mais le président à gauche... Il faut qu'on me montre le texte qui dit que le maire de Lyon est automatiquement le président du Grand Lyon ! Je ne l'ai pas trouvé...
Cela vaut-il aussi pour Perben, s'il gagne à Lyon ?
Je ne change pas de langage en fonction des personnes. L'agglomération n'est pas servie comme la ville-centre. À Caluire, on pleure chaque année pour avoir quelques centaines de mètres de réfection de route... alors qu'à Lyon, on peut lancer une zone 30 sans problème. Pourquoi fait on les trottoirs en beau granit à Lyon et en simple béton coulé en périphérie ? J'ai demandé naïvement la transparence sur ce qu'apportait chaque commune en impôt et ce qu'elle recevait en échange du Grand Lyon. J'attend toujours. C'est normal d'investir plus dans certaines communes, notamment à Lyon. Mais le pire, c'est l'opacité. J'aimerais aussi que les élus du Grand Lyon ait une capacité de contrôle. Un élu est meilleur sous controle, et l'arbitraire a plus de mal à exister.
Serez vous candidat à la présidence du Grand Lyon ?
C'est le bruit qui court. Depuis, je n'ai pas que des amis... Mais le plus important, c'est que l'on parte à la reconquête de Lyon et d'autres villes, pour avoir une vraie cohérence avec la politique nationale.
La droite ne devrait-elle pas choisir son candidat au Grand Lyon avant les municipales ?
Pourquoi pas ? Il vaut mieux dire les choses avant les élections.
Dans ce cadre, pourriez vous être candidat ?
Si tant est qu'il y ait la volonté de dire qui sera notre candidat, je peux en effet concourir. Mais, pour le moment, ma priorité c'est Caluire. Le résultat de chacun aux municipales aura beaucoup d'impact.
Cochet président du Grand Lyon et Collomb maire de Lyon, deux personnalités affirmées... Ce serait l'enfer, non ?
Non. À un moment, l'intérêt général l'emporte. Si on signe un plan de mandat, tout sera clair. Je pense qu'on ne pourra pas déconnecter les municipales du national. Le Président va fortement s'engager. Lyon Capitale a foutu le feu en reprenant une de mes déclarations, quand j'ai dit que les maires devront annoncer, avant les élections, pour qui ils voteront au Grand Lyon. Mais les petits arrangements dans le dos des électeurs, c'est fini. J'ai du mal à accepter que certains maires se soient fait élire avec des voix de droite pour aller collaborer avec un exécutif de gauche. En 2001, la démocratie a pris une claque. Collomb a été habile. Ça peut marcher une fois, mais pas deux.
C'est l'ouverture !
Non, ça n'a rien à voir. Qu'on travaille ensemble, après l'élection, c'est normal. Mais voter pour l'autre camp, c'est de la trahison. L'exécutif du Grand Lyon, c'est une armée mexicaine ! 38 vice-présidents ! J'espère qu'on prendra exemple sur le national, avec 15 ministres seulement... Ça évite les gens qui pourraient être tentés de monnayer leur voix.
Cela signifie que vous préparez des listes contre les maires Synergie qui ne clarifieraient pas leur position vis à vis de Collomb ?
Je ne resterai pas les bras ballants. Il y a des équipes en train de se constituer, notamment dans la commune du président du groupe Synergie, Collonges-au-Mont-d'Or. En politique, il faut assumer. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et la crémière !
En déclarant votre possible candidature au Grand Lyon, vous ne rendez pas service à Dominique Perben...
Je pense que Perben présentera un très beau projet et que c'est sur son projet qu'il fera la différence. Collomb a connu quelques réussites. Il peut dire merci à JC Decaux sur le vélo'v, mais il faut reconnaître qu'il a pris un risque politique en lançant ce projet. De même pour le réaménagement des berges. Il faut savoir le reconnaître. Si on dénie la réalité, on perd en crédibilité. Mais Perben a une vraie vision de l'agglomération. Et son projet sera très fort.
On dit que vous êtes le véritable homme de Sarkozy dans l'agglo, alors que Perben a des rapports compliqués avec le Président. Qu'en est-il ?
J'assume totalement d'être un homme du Président. Mais de ce que je sais, les relations entre Perben et Sarkozy sont bonnes. C'est vrai que moi, j'ai la chance de voir le Président une fois par semaine, le mercredi. C'est un privilège, dont j'ai bien conscience. Ce que je vis est exceptionnel. Je savoure et je mesure la responsabilité que cela représente. À 46 balais, je suis le plus jeune dirigeant de la direction politique du premier parti de France. Et je suis un homme de confiance du Président. Pendant la campagne, même si je me suis beaucoup investi, je n'étais pas du tout dans le premier cercle. Les résultats électoraux comptent énormément. C'est la méritocratie. Dans l'ancien système, je n'aurai jamais accédé aussi vite à un tel poste. Le poste que j'ai pèse beaucoup plus lourd qu'un secrétaire d'Etat ou qu'un ministre. C'est moins médiatique, mais ce n'est pas moins exposé, car le Président attend de nous des résultats.
Cochet, du tac au tac
"L'OL n'est pas une ONG"
"L'OL, ce n'est pas une ONG, ce n'est pas à but caritatif. Il ne faut pas que la collectivité publique soit à chaque fois le dindon de la farce. Et la manière dont est menée ce projet, c'est une parodie. En lançant cette opération cinq mois avant les municipales, pour faire de l'affichage, on prend le risque d'une décision prise sans concertation !"
"Les non-décisions de Collomb coûtent cher"
"Chacune des hésitations de Collomb sur l'A45, le TOP et le COL fait que les crédits de l'Etat vont vers d'autres villes... Quand je vois la vitesse à laquelle Marseille s'est développée, je dis : bravo Gaudin ! Mais je suis déçu pour Lyon. Un élu doit savoir expliquer, faire preuve de pédagogie, mais aussi trancher !"
Pour la suppression du département
"Pour les gens, seuls comptent le Président et le maire. Tout le reste est incompréhensible. Je pense qu'il faut fusionner les départements dans les Régions."
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