Gilles Pastor est un auteur.
Pour la performance Forget-me-nots (en prémicesd'une création autour de La Tempête de Shakespeare, en juin aux Subsistances), il a utilisé ses propres mots mouillés à ceux de Derek Jarman et Shakespeare. Une prétention audacieuse qui fonde une belle alchimie poétique, à l'instar de son travail de metteur en scène. La performance ne fut présentée que deux soirs dans le fantomatique musée des moulages, où languissent des ersatz de sculptures antiques. Pierre David y a déposé son installation, Dormir. On la visite comme on le fait d'un cimetière abandonné. Avec mélancolie et quiétude. Sur des tables des hommes nus dorment, ou morts font mine de s'être assoupis. Des corps lisses de l'enfance, des corps du bel âge et d'autres abîmés par le déclin, tous gravés dans l'or d'un tombeau, tous gisants désordonnés. Esquissées sur le mur, à l'aplomb, les silhouettes de leurs proches veillent sur eux, les yeux clos. Comme on ferme les yeux après avoir englouti le dernier soupir de l'être aimé.