Les greffes du futur

Les 500 chirurgiens et immunologistes attendus au congrès de la société francophone de transplantation, qui se déroule cette semaine à Lyon, ne démentiront pas. La xéno-greffe, transplantation d'un organe où le donneur est d'une espèce biologique différente de celle du receveur, est aujourd'hui l'une des voies de recherche les plus en pointe. "On peut imaginer des greffes sur l'homme à partir de porcs à un horizon de 20/30 ans" expliquele Pr Jean-Michel Dubernard, ancien chirurgien à l'hôpital Edouard Herriot, mondialement reconnu pour la première allogreffe de la main (1998), la double greffe bilatérale des mains et des avant-bras (2000) et sa participation à la première greffe partielle du visage (2005).

Pourquoi des porcs ? Parce que, contrairement aux apparences, ils sont relativement proches de l'homme d'un point de vue physiologique et anatomique, que leur croissance est rapide, et leur reproduction facile, peu onéreuse et nombreuse. Il s'agit dès lors d'injecter de l'ADN humain à un cochon, pour le rendre tolérant à l'espèce humaine.

C'est d'ailleurs à Lyon, qu'en 1906 Mathieu Jaboulay tentait, sans succès, les premières xéno-greffes d'un rein de porc et de chèvre sur une femme souffrant d'insuffisance rénale.

6 000 personnes en attente d'une greffe
A plus court terme, on assiste à l'émergence des transplantations des tissus composites : mains, dont la dernière greffe en date remonte à avril dernier à Valence (Espagne), visage, articulation du genou (une douzaine dans le monde à ce jour), parois abdominales (Miami), larynx et trachée (Cleveland, Medellin), pénis (Chine). Ces nouvelles greffes ont bénéficié des considérables progrès de l'immuno-suppression qui permet d'éviter les rejets, bêtes noires des médecins spécialisés. Pour Xavier Martin, chef de service d'urologie et de chirurgie de la transplantation de l'hôpital Edouard-Herriot, "les cellules souches portent les plus fantastiques espoirs". Autrement dit, créer de toutes pièces de nouveaux organes. Science-fiction ? "Ca paraît mythique, renchérit Jean-Michel Dubernard, mais c'est déjà là". Demain, dans une cinquantaine d'années. Avec toutes les interrogations éthiques que ces techniques suscitent. En France, 6 000 personnes attendent une greffe.

Congrès de la société francophone de la transplantation. Du mercredi 5 au samedi 8 décembre. Centre des congrès. 50, quai Charles de Gaulle. 6e. www.transplantation-francophone.org.

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