Il était de passage à Lyon afin d'obtenir le soutien de diverses associations, dont il préfère taire les noms par sécurité.
Lyon Capitale : Quel est le but de votre visite à Lyon ?
Seydou Kaocen Maïga : Je suis venu témoigner du drame qui est en cours au Niger. Nous sommes en guerre depuis le 8 février 2007 et personne n'a jamais relayé l'information. J'aimerais alerter l'opinion française. Sachant que la France a sa part de responsabilité dans ce conflit. Et qu'aujourd'hui l'armée nigérienne massacre des populations civiles.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la situation au Niger ?
C'est la guerre. Le MNJ et l'armée gouvernementale s'affrontent depuis le mois de février, depuis que nous avons pris d'assaut une compagnie militaire à Tezirzeït, pour protester contre la politique du gouvernement nigérien.
Quelles sont les raisons de la rébellion ?
Nous réclamons l'égalité entre toutes les composantes de la nation. Il faut savoir que le peuple touareg est victime de marginalisation depuis les indépendances, et bien avant. Nous nous battons depuis toujours pour faire valoir les droits des Touaregs, leur mode de vie, leur environnement et leur culture.
Quelle est la situation des Touaregs au Niger aujourd'hui ?
Les Touaregs sont marginalisés. Nous demandons à être considérés comme des citoyens à part entière. Les richesses de notre sol sont exploitées à nos dépens, comme le fait Areva depuis plus de quarante ans. Cette exploitation a des conséquences désastreuses sur l'environnement des Touaregs. Cette entreprise déverse impunément ses déchets radioactifs dans la nature, polluant le sol et les nappes phréatiques, et n'emploie que trop peu de Touaregs. Aujourd'hui elle cherche à exploiter un nouveau gisement dans la région de l'Aïr.
Je tiens à souligner que nous ne sommes pas les ennemis d'Areva. Nous combattons son système et ses pratiques.
On vous soupçonne de part et d'autres de bénéficier de soutiens étrangers, quels sont-ils ?
Nous ne sommes soutenus par personne ! La France, Areva et les puissances occidentales nous suspectent d'être des bandits ou des terroristes (ndrl : depuis le 11 septembre, le Sahel est surveillé par la CIA qui craint la formation dans cette région de groupes terroristes.). Quant au gouvernement nigérien, il essaie de nous faire passer pour un mouvement financé par Areva et la Libye.
Nous dérangeons tout le monde car nous demandons une meilleure répartition des richesses, que se partagent uniquement les membres du gouvernement du président Tandja et Areva. De plus, le gouvernement et Areva doivent renégocier les contrats d'exploitation des sols qui les lient avant la fin de l'année 2007. Pour que tout se passe pour le mieux, et qu'aucune entreprise étrangère ne puisse bénéficier de ces contrats et prendre la place de la France au Niger, celle-ci a intérêt que tout se passe, au mieux dans le calme, au pire, dans le silence.
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