Il a l'air plus à l'aise, moins tendu qu'au début de l'exercice, comme libéré. Il se retrouve enfin dans la peau du candidat, dans un rôle moins institutionnel que celui de maire, maquillé pour les caméras, mais sans cravate.
Tous les jeudis, il va renouveler ce rendez-vous direct avec les citoyens, ici, dans le studio improvisé de son nouveau local de campagne, au 7 de la rue de la République. Dans les autres pièces de la permanence, les invités se pressent pour l'inauguration. Ils ont suivi sa prestation sur écran plasma. Ça y est, c'est fait, Gérard Collomb vient d'entrer en campagne.
Il était temps. L'élection a lieu en mars. Depuis des mois, son adversaire laboure le terrain et commence à imposer ses propres thèmes dans le débat : projet de réhabilitation de l'Hôtel-Dieu, Jardin sans fin... Gérard Collomb, pendant ce temps, reste cramponné à son bilan. Il vient d'éditer un document de soixante-huit pages pour retracer tout ce qui a été réalisé par son équipe pendant ces sept ans : développement économique, pôles de compétitivité, grands projets d'urbanisme, berges du Rhône, Confluence, Carré de Soie, politique culturelle. Soixante-huit pages, qui va lire ça à part des journalistes sérieux? Bien sûr, c'est une réponse à l'accusation d'immobilisme. Bon, mais on ne part pas en campagne avec un bilan, il faut des projets.
Il reste trois mois au maire sortant pour dessiner les contours d'un avenir pour Lyon. Pas de surprise. À travers les discours de Gérard Collomb, depuis sept ans, on commence à savoir quelle vision de la ville il défend. Il croit à une ville multipolaire, non pas avec un centre et une périphérie mais avec une démultiplication des centres, d'où la Confluence, un projet d'au moins aussi grande envergure que le quartier de la Part-Dieu dans les années 70. Il a annoncé la couleur, les deux autres pôles de l'agglomération seront l'Est (déjà commencé avec le Carré de Soie) et l'Ouest (quel projet?) On peut s'attendre à une poursuite du chantier de la Confluence sur au moins deux autres mandats, et à l'ouverture de deux chantiers : le parc Sergent Blandan et la rénovation de l'Hôtel-Dieu. En bonus, un chantier à consommer sur place, réalisable en un seul mandat : les berges de la Saône.Voilà ce qui est connu, y'en a-t-il d'autre en réserve?
Combat frontal en perspective. Chacun a réussi à rassembler son camp. Le Modem a fait ce qu'il fallait pour peser le moins lourd possible dans le débat. Ce sera bloc contre bloc. Entre les deux challengers, les premières passes d'armes n'ont pas tardé. Critique de la gestion financière de l'équipe sortante d'un côté, accusation de manquer d'ambition. Et de l'autre côté, soupçons de se servir de Lyon comme d'un tremplin pour une carrière "je ne suis pas de passage" insiste Collomb.On connaît son slogan : Aimer Lyon, sa couleur : rose Bachelot, et un logo étrange. Il est temps que le débat apporte enfin du contenu pour que les électeurs puissent juger les candidats sur leur capacité à mettre en oeuvre des projets. Depuis jeudi soir, on est entré dans le vif du sujet.
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