Les Françaises font partie des femmes qui utilisent le plus de moyens de contraception en Europe. Mais paradoxalement, le nombre d'IVG stagne. Malgré une campagne de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) pour une " meilleure contraception chez les femmes ", des idées reçues perdurent sur la contraception. Longtemps proscrit pour les jeunes femmes n'ayant jamais eu d'enfants, le stérilet ou dispositif intra-utérin est adopté par de plus en plus de jeunes femmes. Comme Julie, cette lyonnaise de 23 ans. " Ça fait trois mois que je porte un stérilet. J'avais arrêté ma pilule car je trouvais ça contraignant : je fume et je l'oubliais régulièrement. Même si mes premières règles ont été douloureuses, j'en suis très contente. " Pourtant, beaucoup de gynécologues ne le proposent pas à leurs patientes et bon nombre de jeunes femmes refusent d'y avoir recours en raison des préjugés qui perdurent. Comme l'explique Mélanie, étudiante en médecine, " On nous a tellement dit que porter un stérilet, c'est un risque de grossesse extra-utérine que ça ne me tente pas du tout. " Pour Lucile, le nom même fait peur : " dans stérilet, il y a stérile... ". " J'ai toujours appris dans mes cours de biologie que le stérilet était réservé aux femmes ayant déjà eu un enfant, je n'ai jamais pensé à le demander et on ne me l'a jamais proposé", raconte Pauline.
Un rapport de l'ANAES, (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) stipule que les stérilets ne sont pas réservés aux femmes ayant déjà eu un enfant, qu'aucun risque de stérilité n'a été démontré et que le risque de grossesse extra-utérine s'avère très faible. Malgré cela, l'acte reste marginal. Au centre de planification de l'Hôtel Dieu, on n'en pose qu'une dizaine par an. A la médecine préventive universitaire de Lyon 1, le docteur Djedrani explique : " on le prescrit très rarement en raison des risques de problèmes infectieux. " Même s'il n'est pas fréquent, le risque d'infection lors de la pause est avéré. Il est limité aux trois semaines suivant l'insertion et est dû à des infections précédentes, pas au stérilet.
Selon Martin Winckler, spécialiste des questions de contraception : " certains médecins sont sous la coupe de notions datant de 30 ans, les stérilets ont évolué. Certains sont adaptés aux jeunes femmes de 17 ans. Le stérilet est statistiquement plus efficace que la pilule. Il est fiable, de longue durée d'action et ne présente aucun risque cancéreux ou cardio-vasculaire, contrairement à la pilule." Pour le docteur Belaish de la Société Française de Gynécologie, l'essentiel est d'avoir la contraception qui convient le mieux à la jeune femme. " On doit dialoguer afin de cerner au mieux la contraception la plus adaptée. Il faut que la patiente choisisse parmi les nombreuses possibilités qui lui sont offertes pour éviter un recours trop systématique à la pilule. "
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