Voeux et adieux de Beghain

Il ne figurera donc pas sur les listes du maire sortant Gérard Collomb (PS) dans une équipe qu'on promet "rajeunie, renouvelée, féminisée". "En tant que mâle sexagénaire, j'étais tout à fait désigné pour le sacrifice volontaire" résume l'adjoint avec humour. Vendredi 11 janvier, à l'Institut Lumière, sa cérémonie des vœux s'est donc d'emblée transformée en cérémonie des adieux.

Pleine de sens et d'émotion. Patrice Béghain a formulé trois vœux principaux pour l'avenir : "refonder la politique culturelle publique", et pas seulement à cause des difficultés budgétaires actuelles et du désengagement rampant de l'Etat. "Nous arrivons au terme d'un cycle ; il faut que les responsables politiques aient le courage de lancer le débat public sur la façon dont doit s'organiser la nouvelle donne culturelle" a martelé Béghain avant d'inviter toutes les institutions culturelles à avoir "l'obsession du partage ; c'est une exigence démocratique et un impératif éthique".

Enfin, l'adjoint a souhaité que "l'Europe soit l'horizon indispensable de notre action future", clin d'œil à la candidature de Lyon au titre de capitale européenne de la culture en 2013 qu'il a portée et qu'il devrait sans doute continuer à défendre.

Pourtant, l'adjoint n'a pas évoqué d'engagements futurs. Il a surtout parlé de retrait - plus que de retraite -, après trente ans d'exercice des responsabilités publiques.

"J'ai envie de revenir à une vie d'intelligence et de recherche, de retrouver le temps absolument indispensable du retrait, de l'intimité, de la contemplation" a-t-il confié, désireux de "lire (les mémoires de Saint-Simon), écrire, chercher" . Il pourra aussi regarder des films puisque l'hôte de cette cérémomie, Thierry Frémaux, lui a offert le coffret des 33 films d'Ingmar Bergmann...

L'adjoint a cité René Char et Henri Michaux pour finir sur un conseil : "ayons conscience que nous valons mieux que nos vies", qu'il y a toujours un ailleurs, un mieux, et que sont souvent les artistes qui l'apportent. Une version plus métaphysique du célèbre "nos vies valent mieux que leurs profits" de Besancenot... A écouter Patrice Béghain, s'exprimant sans note, et passant aisément du registre politique personnel voire métaphysique, beaucoup se demandaient qui pourrait bien prendre la suite à gauche et tenir ce niveau d'analyse et d'exigence... Mais la question devient caduque à la lecture du programme culturel du candidat Collomb, pour l'heure assez fourre-tout et laborieux.

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