Comédie. USA. 1h34
Jerry, mécanicien un peu barré, partage ses journées entre sa caravane, son pote Mike et le vidéoclub du vieux Fletcher. Lors d'un étrange concours de circonstances, il efface, sans le vouloir, l'intégralité des cassettes VHS du magasin. Pour remédier à la catastrophe et satisfaire les rares clients qui font encore tourner la boutique, les deux amis décident de réaliser leur propre version des films perdus.
A l'heure du tout numérique où de jeunes amateurs espèrent être révélés sur youtube avec, pour seul matériel, une simple caméra DV, Soyez sympas, rembobinez pourrait passer pour un hommage nostalgique au siècle dernier. Témoignage d'un temps révolu où l'on pouvait, si l'on n'y prenait garde, effacer sa cassette VHS préférée à la suite d'une malheureuse erreur de manipulation. Et c'est bien là le point de départ de cette comédie réalisée par Michel Gondry. En effaçant l'intégralité des cassettes d'un vidéoclub, les protagonistes font table rase du passé et, par là même, d'une certaine industrie, celle du cinéma et des studios Hollywoodiens. Pour son 5e long-métrage, le réalisateur français se moque des codes et des formatages. Il préfère rêver d'un monde où les gens fabriqueraient eux-mêmes leur film, avec le plaisir simple du "do it yourself". Mais le concept gadget du remake kitsch fait-main, aurait pu sombrer dans la simple farce gentillette et rapidement s'essouffler sur la longueur. Mais Gondry vaut mieux que ça. Brillant réalisateur de clips (pour Björk, Beck, les White Stripes, les Daft Punk...), bricoleur de génie reconnu, il démontre qu'il est également un directeur d'acteurs inspiré (Il l'avait déjà prouvé en 2004 avec Eternal sunshine of the spotless mind). Laissant une place indéniable et maîtrisée à l'improvisation, intégrant des figurants amateurs directement issus du lieu de tournages au casting, il façonne un univers gentiment insolite. Du rire aux larmes, plus que Jack Black et Mos Def, les deux principaux comédiens, c'est tout un quartier, une communauté qui nous émeut avec presque trois fois rien. La preuve que toute la bonne volonté du monde ne suffit pas pour réaliser un grand film. Ça serait oublier un ingrédient fondamental dont Gondry ne manque assurément pas : le talent.