Quelle sera votre patte ?
Maurice Vincent : Faire comprendre que Saint-Etienne est une ville d'innovation, une ville universitaire et une ville verte. On ne peut pas tout ramener au design. Je comprends votre question. Je suis conseiller régional, mes collègues me disaient : "ce sera difficile pour toi, Thiollière fait bouger les choses, il fait le design"... Mais il y avait un écart entre les mots et la réalité. Thiollière a eu une vision ultra-simpliste, qui lui a donné une bonne image à l'extérieur, mais qui n'était pas opérationnelle sur le terrain. Son modèle, c'est Bilbao. Il s'est dit, je vais faire avec la cité du design ce que Bilbao a fait avec Guggenheim. Il oublie que Bilbao, c'est une grande capitale régionale, une ville qui a une stratégie économique depuis 20 ans et que l'Espagne a connu une grande croissance économique.
Quel serait votre modèle ?
Aucun, car Saint-Etienne a des spécificités fortes. C'est une ville en reconversion qui traverse une période très difficile depuis 20 ans. Mais on est à 50 km d'une capitale régionale, voire européenne, ce qui procure des avantages et des inconvénients. Je crois que l'avenir de Saint-Etienne passe par un soutien à l'innovation des PME-PMI, aux transferts de technologie entre les Universités et les entreprises. Je ne veux pas tout miser sur le design, comme l'a fait Thiollière. Il faut aussi se rendre compte que Thiollière ne s'est pas intéressé à l'entretien de la ville, des rues, des espaces verts, des équipements de quartier. Il suffit de faire 50 m à gauche ou à droite du tram, et vous vous rendez compte du manque.
Qu'allez vous faire vis-à-vis de Lyon ?
Je souhaite que les coopérations avec Lyon soient confortées. Avec un écueil à éviter : la banlieurisation, qui verrait un nombre croissant de stéphanois faire l'aller-retour pendulaire à Lyon.
Êtes-vous favorable à un Grand Lyon-Saint-Etienne ?
On voit bien que les deux agglomérations se rapprochent physiquement, par l'évolution de l'urbanisation dans la vallée du Gier et les Monts du Lyonnais. Mais on a beaucoup d'institutions et pas besoin de nouvelles. Je suis plutôt favorable à l'examen de projets concrets, pour que l'on construise, peut-être sur un mode original en Europe, une métropole multipolaire. Ce qui est essentiel, c'est la maîtrise des enjeux environnementaux, sur les transports, l'étalement urbain, et un développement économique plus équilibré, dont Saint-Etienne a beaucoup à gagner.