Tout ça dans un arrondissement qui a toujours été à 50/50. Je note quand même qu'en dehors des 2e et 6e arrondissements, on obtient le meilleur score des listes Perben : 33,5%. C'est la récompense du travail local, même si elle est très modeste. Ça pose une question : est-ce que le gouvernement en place est condamné à perdre les élections locales ? Ce n'est pas pour nous dédouaner, mais cette défaite, c'est un tout. Un maire sortant dans une opposition nationale, c'est difficile à battre... Le challenge était difficile à relever.
N'est-ce pas que le candidat Perben n'est pas "passé" ?
En tout cas, les Lyonnais ont préféré le candidat Collomb...
Quelle prudence ! Vous interdisez-vous de critiquer Perben ?
Les critiques, il faut les faire avant, pas après ! Les socialistes qui ont critiqué Ségolène Royal après coup, ce n'était pas bien. Quand on mène un combat, on le mène jusqu'au bout. Et on est solidaire dans la victoire comme dans la défaite.
N'y a-t-il pas une erreur de casting à la base ?
Quel qu'eût été le candidat à Lyon, parmi ceux qui étaient évoqué, le challenge était compliqué. On parlait de Renaud Dutreil... Il s'est cassé les dents à Reims. On ne saura jamais ce qu'aurait fait un autre. Quand Perben est arrivé, tout le monde à dit "chauds les marrons, chauds, pour Collomb"... Personnellement, je ne regrette pas d'avoir travaillé avec lui. J'ai appris plein de trucs. C'est un pro. Dans l'explication de la défaite, il ne faut pas sous-estimer le fait que les Lyonnais étaient satisfaits de leur maire...
Il y a un an, après votre victoire aux législatives, certains vous ont poussé à vous présentez vous-même aux municipales. Ne regrettez-vous rien ?
Oh non ! Ça aurait pu être pire ! Chaque chose en son temps. Une candidature aux municipales, ça ne s'improvise pas.
Quelles leçons tirez vous de cet échec ?
C'est la bonne question. On fera un debriefing. Mais ce n'est pas la peine de décider dans les 48 heures ce qu'on fera en 2014. Les décisions prises à chaud sont souvent les mauvaises. On doit d'abord mettre en places certaines choses...
Par exemple la réintégration des millonistes ?
Les quoi ? Vous parlez des élus des listes Millon en 2001 ? Cette fois il n'y a que des gens élus sur les listes Perben. Il n'y a donc que des perbénistes...
La grande place laissée aux millonistes sur vos listes, n'est-ce pas une grosse faute tactique ?
On ne le saura jamais. Je pose juste une question : s'il y avait eu deux listes de droite à Lyon, au premier tour, franchement, est-ce que la situation n'aurait pas été pire ?
Michel Noir pensait le contraire...
Il peut le penser. D'autres non. Quoi qu'il en soit, depuis le 16 mars 2008, cette page est définitivement tournée.
Allez-vous travailler main dans la main avec Amaury Nardone ?
Avec les 16 élus de la droite. Autour de moi, deux personnes joueront un rôle important : Denis Broliquier et Emmanuel Hamelin. Le trio, c'est celui-là. L'objectif que je fixe à la présidence du groupe, c'est de permettre l'émergence du potentiel de chacun. Plus on sera nombreux à être fort, plus on sera fort.
Comme secrétaire général de l'UMP, vous avez négocié les accords avec les millonistes, le MPF, les radicaux... Accords qui ont "dilué" l'effort de renouvellement qu'avait entrepris Dominique Perben avec Lyon Nouvel Horizon... Le regrettez-vous ?
Il ne vous a pas échappé que le chef de file, c'était Perben. Mais j'assume. Franchement, je ne crois pas qu'il y ait de position idéale. La meilleure preuve, c'est que Collomb est celui qui a le plus fait d'accords partisans : avec le PC, les Verts, le PRG, le Gaec, certains Modem... Et il a gagné ! On ne perd pas à cause d'une seule raison. C'est un ensemble... Ça ne veut d'ailleurs pas forcément dire qu'on a été mauvais, mais peut-être que celui d'en face a été meilleur...
Finalement, qu'avez-vous raté ?
On n'a pas réussi à faire prendre le débat. C'est ce que je regrette le plus. C'était difficile puisque Collomb le refusait. Il faudra qu'on y réfléchisse. Si on avait la recette, on l'aurait appliquée...
Serez-vous candidat aux prochaines municipales ?
C'est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Le choix du candidat sera fait en 2012 ou 2013. D'ici là, beaucoup d'eau va couler. Il y aura eu des législatives déjà...
Un nouveau parachutage est-il envisageable ?
Il est important de ne prendre aucune décision avant deux ou trois ans. Et de laisser le temps à la génération des Denis Broliquier, Emmanuel Hamelin, Laurence Balas, Nora Bera... Ensuite on verra si on a bien travaillé, ou pas.
L'opposition a été assez mollassonne pendant 7 ans, ce qui vous a empêché d'être audibles durant la campagne... Est-ce que cela va changer ?
Je n'étais pas au conseil municipal, c'est dur de juger. J'envisage l'opposition sous trois angles : un, nous serons vigilants sur certains engagements pris par Collomb et lui demanderont régulièrement des comptes, notamment sur le TOP et la petite enfance. Deux, nous mènerons une opposition constructive en faisant des propositions. Trois, on veillera au respect de la démocratie et que Collomb n'oublie pas les 2e et 6e arrondissements...
Ce n'est pas une opposition frontale...
Sur ces différents sujets, je ne suis pas inquiet, il y aura matière à s'opposer... L'opposition frontale et systématique, un peu grossière et caricaturale, comme celle menée par la gauche à l'Assemblée, ce n'est pas mon style.
Que devient le programme de Perben ?
Les Lyonnais ne l'ont pas voulu. Ça s'appelle la démocratie. Il y a des choses qu'on gardera, d'autres qu'on changera... On ne va pas s'ériger en gardien d'un programme non choisi par les Lyonnais ! Mais on va se tourner tout de suite vers la préparation d'un projet pour 2014. Je reste par exemple convaincu que l'abandon du maillage du centre-ville par le métro est une erreur stratégique fondamentale. On la paiera dans 20 ans. Il vaut mieux faire 4 kilomètres de métro dans un mandat, que 16 km de tramway... On construit un métro pour cent ans et plus ! Alors que je suis persuadé que d'ici 40 ans, on posera la question de la suppression de la ligne T1 du tramway (Perrache - La Doua)... Avoir fait le tramway au Confluent, c'est vraiment dommage. Il fallait prolonger la ligne A et traverser le Rhône pour rejoindre la ligne B à Debourg ou Gerland. À terme, je rêve d'un métro Saint-Paul - Cordelier - Part-Dieu... On n'a aucun métro qui relie directement le centre-ville à la principale gare, c'est une grosse erreur ! On essaiera de défendre ces idées au sein du Sytral, en commençant par défendre le prolongement de la ligne B à Oullins.
À quoi sert le recours engagé par les listes Perben ?
Je ne sais pas. No comment.
D'ici la fin du mois, vous allez démissionner du Conseil général pour cause de cumul, ce qui provoquera des partielles d'ici l'été. Ces élections s'annoncent difficiles...
Je prend le risque. Ç'a été un choix politique difficile. Mais je ne pouvais pas abandonner le conseil municipal de Lyon. Quoi qu'il arrive, ça ne changera pas la majorité au conseil général.
Sarkozy a-t-il pris la mesure de l'échec des municipales ?
Oui. L'ajustement ministériel est une partie de la réponse. Mais Sarkozy a été élu l'année dernière avec une majorité et un projet. Il a cinq ans pour le mettre en œuvre, il va continuer.
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