Des artistes de cirque, des musiciens, des comédiens et des danseurs visiteront le langage dans sa diversité. Parmi les invités : Olivia Rosenthal, Marie Vialle, Jörg Müller, Angélique Clairand, Jérémy Wade, Serge Aimé Coulibaly, Gilles Pastor, Joachim Latarjet et Alexandra Fleischer. Egalement un duo attendu : l'artisan du théâtre d'objets Michel Laubu et le chanteur-guitariste Rodolphe Burger. On pourra aussi apprendre le chinois, le patois ou le bambara lors de cours de langues minute, s'initier à la Tecktonik et entendre des histoires dans des boîtes à paroles. Exciting !
Ça tchatche, du 3 au 6 avril aux Subsistances, Lyon 1er.
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Entretien avec Olivia Rosenthal
En lever de rideau des spectacles présentés lors du week-end Ça tchatche ! aux Subsistances, l'auteure Olivia Rosenthal et le metteur en scène Marie Vialle créent dix courtes pièces sur le rapport à la langue des immigrants. Entretien avec Olivia Rosenthal, l'auteure de ce texte de commande intitulé Les lois de l'hospitalité.
Comment est né ce texte ?
Les Subsistances m'ont commandé un texte réalisé à partir d'entretiens avec des gens dont la langue maternelle n'est pas le français. J'ai rencontré, à Lyon, une vingtaine de personnes dans des situations familiales, sociales, etc. extrêmement diverses, qui parlaient à l'origine l'albanais, la sango, l'arabe ou le norvégien. A partir de leur récit, j'ai inventé une forme pour la scène, que j'ai entièrement retravaillée.
Comment avez-vous retravaillé ces témoignages ?
J'ai essayé d'identifier des points communs à ces histoires très différentes : en travaillant sur la question de l'oubli de la langue maternelle, par exemple, ou sur la manière dont ces immigrants parlent le français (le rythme, la mélodie, les intonations), ou encore sur la question de l'apprentissage du français. Comment l'ont-ils appris, quels sont leurs mots préférés, qu'aiment-ils dire dans leur langue maternelle plutôt qu'en français, etc ?
Pourquoi avez-vous choisi ce titre "Les lois de l'hospitalité" ?
Le titre est un peu humoristique, car la plupart n'ont pas toujours été très bien accueillis quand ils sont arrivés en France ! Certains ont dormi quelques temps dans la rue, etc. Mais c'est un texte sur la langue. Ce n'est pas du tout un texte militant, social ou politique sur la question de la migration. Simplement, il nous paraît important de faire résonner cette parole des immigrants qu'on n'a pas l'habitude d'entendre. Ça m'a beaucoup apporté d'être en contact avec des gens que je n'aurais jamais rencontré sans ce travail ; ça a amplifié mon expérience de l'humain.
Comment avez-vous travaillé avec Marie Vialle, qui assure la mise en scène des ces courtes pièces ?
Notre association a très bien fonctionné. On était complètement sur la même longueur d'ondes sur le type d'objet qu'on voulait offrir. C'est un travail d'écriture, pas un témoignage. D'ailleurs Marie Vialle a proposé à ceux qui ont témoigné de monter sur scène ; la moitié ont accepté mais ils ne diront pas le texte de leur histoire. C'est important qu'il y ait une mise à distance artistique. C'est aussi une façon pour que les histoires singulières deviennent des histoires communes. A l'intérieur des textes que j'ai écrits, Marie Vialle a inserré, en contre-point, de façon très fine et délicate, des passages en langue maternelle. On va entendre beaucoup de langues, successivement et en même temps. Pendant le week-end "Ça tchatche", les dix petites pièces seront présentées en préambule des spectacles. Marie Vialle et les "comédiens" vont donc migrer tout le temps et essayer de se construire très vite un décor à eux dans le décor des autres.