Diary of the dead : Spectacle (Mort-) Vivant

Images filmées par une bande d'étudiants interrompus en plein tournage d'un film de momies à deux euros, mais aussi récupérées sur internet ou des bandes de télésurveillance. Mais, que les amateurs de grands frissons soient prévenus : même si Romero s'y affiche toujours comme un maître du gore à l'imagination fertile (on y apprend toujours de nouvelles manières très fun de casser du zombie), Diary of the Dead effraie peu. Ou alors seulement par son sous-texte politique très ancré dans la réalité des nouveaux médias. On pourra rétorquer que, La Nuit des Morts-Vivants mis à part, ses films n'ont jamais fait bien peur. Ni Grand-Guignol, ni délire gothique, ici la marche funèbre des zombies est traitée avec le détachement clinique et réfrigérant propre à la société de l'information. Dans Diary..., symptôme de notre époque où chacun est un peu journaliste, les images prolifèrent au même rythme que les zombies, contaminant petit à petit la réalité. On n'est même plus trop sûr de qui est zombie et de qui est vivant, du flic chancelant qu'on écrase sur une route de campagne (zombie) au vieil amish sourd-muet qui s'exprime en grognant (pas zombie).

Mode d'emploi
Difficile même, pour les protagonistes abreuvés d'images, de croire en la réalité de l'événement, tant ils sont, comme le dit l'héroïne du film, "mithridatisés" par le flux d'images toujours suspectes de falsification. Le moindre événement se trouve alors pillé par la (les) caméra(s) à la manière des mises à sac de magasins qui suivent toute plongée dans le chaos social. C'est le cœur des films de Romero : comment maintenir un semblant de ciment social (et de civilisation) quand "Dieu a changé les règles du jeu". Comment maintenir la fragilité d'un édifice sociétal (police, armée, médias...) qui ne met pas une nuit à voler en éclats. Trop didactique, le film ne convaincra guère les fans d'horreur pure et montre peut-être les limites d'une distanciation excessive. Le cynisme surjoué des personnages et la redondance de la voix off et des dialogues alourdissent inutilement le propos de Romero. Comme si le réalisateur craignait de livrer son film sans mode d'emploi. Etrange, de la part d'un cinéaste qui n'a pourtant rien perdu de la limpidité de sa mise en scène. A moins que pour appuyer sa thèse, Romero, esthète de la pandémie morbide, n'ait volontairement livré son film à la contamination du tout-info et du commentaire sursignifiant.

Diary of the Dead - Chroniques des Morts-Vivants ***

De George A. Romero.
Avec Michelle Morgan, Shawn Roberts, Nick Alachiotis... Etats-Unis. Horreur. 1h35.

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