Grenoblois d'origine, danseur et chorégraphe, il fait partie de cette jeune génération d'artistes qui croisent des disciplines issues de champs divers, la danse, les arts plastiques et la vidéo et qui travaillent sur l'écriture du corps et son environnement. Ces deux pièces font partie d'un abécédaire, une série de 26 propositions avec 26 lettres (B comme Boltanski, C comme corps, D comme désir...) qui lui permettent de décliner de différentes manières son questionnement sur le statut du chorégraphe et du spectateur, au travers de dispositifs variés (central, frontal, périphérique, partagé...) et dans lequel le corps, le mouvement, le son, la lumière s'agencent pour en organiser les sens. Le premier solo A comme Abstraction, joue avec les éclairages sur le blanc et le noir, la disparition du corps, les émotions qu'il laisse en traces visuelles ou dans l'imaginaire. Les désirs qui se disent ou les mots qui s'absentent.
Limites et débordements
Le deuxième, Gravité, est une splendeur pétrie de simplicité et de poésie salvatrice. Il y a d'abord l'installation, singulière et mystérieuse. Un plan d'eau de 5 mètres par 5 mètres de grandeur et sur lequel le corps s'appuie. La lumière, qui est dirigée sur ce plan d'une manière très précise, permet la réverbération du corps et de la matière sur un écran sans qu'il y ait de procédé vidéo. L'étonnement est déjà dans la découverte ou l'incompréhension de ce procédé. Puis, très vite, l'écriture nous happe sans jamais nous abandonner. Au sol, il y a son corps réel, qui élabore des poses à la surface de l'eau. En simultanée, ce corps projeté sur l'écran n'est plus le même. Il devient eau, mouvements qui eux-mêmes transforment l'eau en d'autres mouvements, en particules, en formes aux bords dilués dans des flots réguliers ou perturbés. Le corps se fond, se disperse, prend de la profondeur, mais le corps devient aussi le vide. L'eau est le prolongement du corps et le corps devient matière pour écrire un autre langage, visuel, sensoriel, mouvant. La danse de Fabrice Lambert bouleverse nos codes de lecture habituels. Le corps n'a plus de limites et par ses débordements, il crée un autre espace scénique, plus large, celui que le spectateur se donne en se créant à la fois un espace mental et poétique. Car il n'y a que poésie dans ce spectacle. Il n'y a que sensations, émotions, nous sommes dans une dérive du plaisir immédiat qui se construit et disparaît en même temps. Il y a aussi cette unité artistique. Parce qu'au corps, à la matière et à l'espace, s'ajoute le son, alors même qu'il se déplace. Gravité à cette intensité de l'éphémère, qui perdure, encore, et longtemps après qu'on l'ait vu !
Les 27 et 28 Septembre au Radiant de Caluire. Tel 04 72 26 38 01