Roms : "J'en ai marre de voir toujours le même film"

La police de l'air et des frontières est intervenue ce vendredi 26 septembre.

Les Lyonnais connaissent bien ce scénario. Depuis que les Roms d'Europe de l'Est viennent à Lyon, leurs campements, bidonvilles et autres squats sont systématiquement vidés... avant que d'autres ne poussent un peu plus loin.
Ce vendredi 26 septembre, la police de l'air et des frontières (PAF) est venue finir le travail entamé lundi dernier par l'expulsion d'un squat rue de Gerland (7e). Une fois dehors, les Roms se sont en effet installés place Raspail. A deux pas des belles Berges du Rhône. Certains riverains se sont émus de voir ces 120 adultes et enfants et leur dizaine de tentes "deux secondes". Vendredi matin, quand la PAF est intervenuz, ils étaient 70 dont 23 enfants.
Bilan de l'opération de police : au moins quatre interpellations pour des délits de droit commun. Selon la préfecture, ces personnes sont toutes en situation irrégulière et se sont vues délivrer une obligation de quitter le territoire français. Au terme des trois mois du visa touriste, c'est l'absence de moyens de subsistance qui fournit un motif d'expulsion. Toujours, selon la préfecture, des représentants de l'ANAEM* auraient proposé "un emploi à ceux qui le souhaitent". Une seule personne aurait "manifesté un désir de s'engager dans cette démarche".
En fin de matinée, la vingtaine de policiers a pu se retirer dans le calme. Présents sur les lieux, les responsables associatifs restaient désemparés. André Gachet, responsable de l'Alpil : "depuis janvier 2008, la Préfecture, le Grand Lyon et le Conseil Général ont mis en place un dispositif pour éradiquer les squats et bidonvilles en prévenant les expulsions. L'Alpil a été missionnée avec pour objectif de travailler au relogement de ces personnes. Ces expulsions qui se poursuivent montrent que la Préfecture semble oublier l'existence de ce dispositif". Spectateur, André Gachet se lasse de voir "toujours le même film avec le même scénario".
D'après la première adjointe du 7e arrondissement, Zorah Aït-Maten (PS), le préfet leur donnerait un terrain, "ce qui risque de créer un appel d'air". Le responsable de l'Alpil, André Gachet, a du mal à cacher son agacement : "d'une part il n'est pas question de terrain. D'autre part, parler d'appel d'air ne veut rien dire. Depuis ce retour des bidonvilles, on a toujours les mêmes populations (environ 600 Roms, ndlr). J'en connais depuis neuf ans ! Si, à chaque fois que l'on faisait quelque chose pour eux, ils venaient, ça se saurait". L'élu du 7e se défend toutefois de ne rien faire pour venir en aide aux situations d'urgence : "des places au 115 (le samu social) leur ont été réservées. Mais il faudrait qu'ils acceptent d'être séparés pour que les enfants et les malades puissent être pris en charge". Malgré ces engagements, un homme d'une cinquantaine d'année, malade du cœur, qui venait de sortir de l'hôpital n'a pas dormi en foyer la nuit de jeudi à vendredi. Il avait pourtant appelé le 115.
Selon le collectif CLASSES (qui œuvre dans la scolarisation des enfants Roms), un autre campement, au pied du pont pasteur (2e arr.) devrait être expulsé dans les prochains jours.
Pour ce vendredi soir, les Roms de la place Raspail dormiront dehors. A moins qu'ils n'aient trouvé un nouvel abri de fortune duquel ils se feront à nouveau expulser.

*Agence Nationale de l'Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM)

Photo : Fabrice Caterini

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