Aujourd'hui, une soixantaine de professeurs affirment être en grève et vouloir le retrait de la réforme Pécresse. Mais est-ce vraiment le grand chambardement? Ambiance.
Midi à Lyon 3, heure de la pause. Ce qui impressionne ici, c'est le bruit, les éclats de rire. Tout se passe ici comme d'habitude. Pas de tractage à l'entrée, pas d'invitation pour la manif de l'après-midi. Rien à voir avec le campus de Lyon 2 où se sont installés quelques étudiants militants, entourés d'écriteaux, de banderoles réclamant une nouvelle université et appelant les chercheurs à 'soutenir les étudiants comme les étudiants soutiennent les profs'. Les abords de l'université sont silencieux et les étudiants se comptent sur les doigts de la main. Pas de cours ici, la journée est banalisée.
Mais à Lyon 3, à la manufacture des Tabacs, tout le monde est là, étudiants comme professeurs. Une étudiante en droit explique: 'il faut comprendre les profs, même s'ils soutiennent le mouvement, ils assurent les cours pour le bien-être des étudiants. Ils ont un programme à terminer.' Son amie ironise: 'Oui, ici à Lyon 3, on fait la grève à la japonaise. Rien ne nous empêche d'aller travailler...' Avec elles, un jeune homme souligne que ce mouvement est exceptionnel, que Lyon 3 n'avait pas connu une mobilisation de ce genre depuis 1993. 'De nombreux profs sont impliqués dans la grève.' Même si, le service communication de l'université parle de quatre ou cinq grévistes.
14 heures, place des Terreaux, la manifestation se prépare. Tous les syndicats étudiants ont déployés leurs banderoles. Plusieurs membres de 'Sauvons la Recherche' s'expriment devant les caméras et dans un coin de la place, un petit drapeau blanc flotte, estampillé 'Lyon 3'. Il est tenu par une étudiante en langue, accompagnée de deux collègues. Elle s'étonne de la faible représentation de son université. 'L'AG d'hier a rempli un amphi et les gens étaient vraiment motivés pour continuer la grève. Plusieurs de nos profs étaient là mais ils ne viennent pas aux manifs, ils ne peuvent pas venir.' La grève, ça reste un gros mot à Lyon 3. Difficile de changer la routine.
Marine Badoux