Enfin, l'hôpital Mermoz ouvre ses portes

Un faux départ et un gachis financier plus tard, l'ouverture a été fêtée en grande pompe, enfin, ce jeudi 19 mars 2009 par Générale de Santé, l'instigateur du projet.

'L'Arlésienne' s'est effacée 'au profit du Phénix', la formule est de Frédéric Rostand, président de Générale de Santé au sujet de la reconstruction de l'hôpital Jean-Mermoz (Lyon 8e). Le nouveau complexe privé de l'Est lyonnais est ouvert depuis l'été dernier. L'équipe dirigeante a attendu que le service des urgences rejoigne le bâtiment en janvier dernier pour fêter l'événement et enterrer le souvenir d'une naissance douloureuse, soit dix ans de rebondissements et d'imbroglios judiciaires. Plus de quatre cents convives, des amuse-bouches à en faire fondre les palais et un clip de présentation massif, musiques à l'appui. Il fallait bien cela après les péripéties qu'a connues la construction de l'hôpital Jean Mermoz.

Construction, démolition puis reconstruction

Petite rétrospective. En 1999, l'entreprise Générale de Santé prévoit de construire "la clinique de l'Europe". Le complexe hospitalier réunit trois cliniques privées, Saint-Anne, Saint-Jean, et Jeanne d'arc. Sur trois hectares de surface, l'établissement doit recevoir un équipement médical hors norme, vingt et une salles d'opération, plus de deux cents lits et une centaine de médecins libéraux. Premiers ennuis, en 2002, la société de gros œuvre est mise en redressement judiciaire. En 2004, le batiment est sorti de terre, les ennuis se corsent. Les radiologues ne peuvent pas exploiter le matériel acquis, notamment un appareil IRM défectueux. Ils estiment leur préjudice à plus de 2,9 millions d'euros ; ils prennent également en compte le retard du chantier. Ils engagent alors une procédure, encore en cours à l'heure actuelle selon Le Quotidien du Médecin.

Les responsabilités restent à éclaircir

Mais surtout, des doutes s'installent quant à la qualité de la construction alors que le chantier accuse deux ans de retard. La filiale de Générale de Santé demande une expertise judiciaire pour évaluer la situation et découvre un chantier truffé d'irrégularités : 'piliers pas droits, dalles fissurées et poutres en béton mal coulées.' L'APAVE, le cabinet d'experts dans la maîtrise des risques, émet un 'avis défavorable sur la solidité et la stabilité des ouvrages en béton'. Le rapport départage les responsabilités d'une manière pour le moins équitable : 30 % à la filiale de la Générale de santé, 30 % à l'entreprise de Gros oeuvre Charles Queyras et 30 % à l'architecte Françoise Jourda. Elle déclarait alors : "Les défaillances étaient à l'intérieur du béton, à l'œil nu on ne pouvait pas voir que c'était mal fait." Générale de Santé accepte la sentence mais va 'contester sa responsabilité telle que suggérée par les experts', selon les termes même d'un rapport annuel. Nous sommes en 2004. Les travaux doivent reprendre depuis le départ.

Le deuxième pôle chirurgical de la région

Générale de Santé ne porte pas plainte contre l'architecte mais engage plusieurs actions à l'encontre de la maîtrise d'ouvrage, de la maîtrise d'œuvre, des entreprises impliquées et leurs assureurs respectifs. Elle engage également des actions contre ses propres assureurs, car 'pour l'instant, c'est nous qui faisons l'avance'. 'Il faut déterminer qui va rembourser quoi' explique Giuseppe Zolzettich lors de l'inauguration. Plus taiseux, le directeur du service communication ajoute que des réunions ont 'lieu tous les mois' mais ne consent à plus d'explications.

Le feuilleton judiciaire ne connaît pas encore de dénouement. Et le gaspillage est estimé à 17,2 millions d'euros. Mais voilà, l'hôpital Mermoz II sorti de terre. Dorénavant, l'hôpital privé peut compter dans le paysage médical rhône-alpin, avec le deuxième bloc chirurgical le plus important de la région et un pôle cancérologie à la point de la technologie, en l'occurrence dans la traitement des tumeurs les plus petites.

Stéphanie Ména

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