Claude Puel : "Il faut construire un collectif"

A cette occasion, nous vous publions un entretien avec Claude Puel, paru dans notre édition mensuelle d'avril.

Très critiqué en cette fin de saison délicate pour l'OL, qui n'est pas assuré de remporter un huitième titre consécutif, Claude Puel a accepté de se confier à Lyon Capitale. L'entraîneur lyonnais n'évite aucune des interrogations suscitées depuis sa prise de fonction.

Son arrivée à Lyon et ses relations avec les médias
Après une saison agitée malgré l'obtention d'un doublé (coupe de France - championnat) sous l'ère Alain Perrin, l'Olympique Lyonnais a besoin de retrouver une certaine sérénité. Jean-Michel Aulas, avec l'aval du conseil d'administration du club, décide de nommer Claude Puel entraîneur général pour une durée de quatre ans. Une mini-révolution à l'OL, puisque ces dernières années, l'entraîneur en place agit sous la tutelle du président et de son conseiller Bernard Lacombe. Claude Puel dit avoir découvert un club très chaleureux. "On représente l'OL comme un club un peu froid, un peu austère mais de l'intérieur, c'est tout le contraire. On sent des gens passionnés, qui ont l'amour du maillot. Et si les clubs français sont gérés comme des entreprises, il reste à Lyon cette particularité de mener l'aspect entrepreneurial tout en respectant l'individu. Au sein du club, tous les gens sont dévoués pour que tout marche dans le bon sens".

Et pourtant, la prise de fonction de Puel ne se fera pas sans heurts. La presse (dont Lyon Capitale) lui reproche de vouloir transformer Tola-Vologe en camp retranché. Des bâches sont installées tout autour du centre d'entraînement et les journalistes n'ont plus accès au parking des joueurs. Difficile dans ces conditions de pouvoir exercer pleinement son travail. Une pétition est signée par la majorité des médias et une réunion sera même organisée au siège du club en présence de Jean-Michel Aulas. "Les changements font toujours grincer les dents. Qu'on puisse faire quelques entraînements à huis clos pour préparer un match, je ne trouve pas cela extraordinaire. Ici, tout était ouvert. Il n'y avait aucune intimité. Je veux que mon équipe puisse bien se concentrer, que nos entraînements ne soient pas un livre ouvert pour l'adversaire", justifie-t-il aujourd'hui.

Un entraîneur défensif ?
Disposés depuis l'ère Paul Le Guen (saison 2002-2005) en 4-3-3, les hommes de Claude Puel alternent le 4-2-3-1, le 4-3-2-1 ou encore le 4-4-2 sans qu'aucune des formules précédemment citées ne se démarque et propose une animation offensive attrayante. Pire, avec les systèmes mis en place par Puel, Karim Benzema est trop souvent isolé pour faire la différence, d'autant que les défenses adverses ont resserré le marquage sur lui. Et pourtant, Claude Puel se défend ouvertement d'être un entraîneur défensif. "On met une étiquette sur les gens et puis on les maintient dans cette catégorie. A un moment donné, je ne vais pas constamment expliquer ce qu'on essaye de mettre en place. C'est vrai que cette année, on a plus de problèmes dans le jeu dans l'aspect technique, la maîtrise collective. On a manqué de régularité et ce sont des aspects où l'on devra progresser. L'idéal pour un entraîneur, c'est d'avoir la meilleure attaque et la meilleure défense. Il faut faire attention aux clichés".
L'OL le mal aimé
A Lyon, la pression fait partie intégrante du décor. En acceptant de relever le challenge lyonnais, Claude Puel avait conscience de la tâche ardue qui l'attendait. "La pression est présente dans tous les clubs, mais ce qui change à Lyon, c'est l'environnement médiatique. C'est assez particulier. Je parle surtout au niveau national où l'on a envie de voir un autre club champion. Ça dépasse souvent le cadre de l'objectivité. Paradoxalement, c'est une force supplémentaire. Lyon doit montrer qu'il est toujours présent. Et malgré tout ce qu'on peut dire, tout ce qu'on essaye de faire en matière de déstabilisation, on est toujours là". Puel semble s'être rapidement formaté à l'environnement rhodanien. Le célèbre tube "l'OL, le mal aimé'' résonne déjà dans la tête du technicien lyonnais. "Il y a une exigence qui est tout à fait normale par rapport à l'OL que ça soit en termes de résultat ou de qualité de jeu. Mais, je trouve qu'il y a une sorte de surenchère par rapport à l'aspect médiatique. Il y a des critiques qui sont tout à fait valables et concevables et d'autres qu'il faut oublier, zapper".
La Ligue des Champions
Les saisons se suivent et se ressemblent. La Ligue des Champions ne semble pas rimer avec Lyon. Surclassés par Barcelone, les joueurs de Claude Puel ont une nouvelle fois échoué sur la scène européenne au stade des huitièmes de finale. "On a raté cette deuxième confrontation surtout dans l'entame. On n'a pas fait ce qu'on s'était fixé et on a mis cette équipe de Barcelone dans les meilleures configurations. On a été sur le reculoir alors qu'on voulait faire tout le contraire. De toute façon, il ne faut pas rester sur des regrets parce que ça ne fait pas avancer. On en a tiré les conclusions et maintenant on s'est projeté sur le championnat". Mais diable, cela voudrait-il dire que l'OL ne pourra jamais briller sur le toit de l'Europe ? Puel n'est pas de cet avis et demande une nouvelle fois de la patience aux supporters lyonnais. "Il ne suffit pas d'avoir une équipe très compétitive. Il faut construire un collectif. Cette année, le groupe était en reconstruction avec beaucoup de joueurs qui n'avaient même pas disputé un match de coupe de l'UEFA. On le sait, il faut beaucoup d'expérience pour s'illustrer dans cette compétition. Les favoris, ce sont maintenant des machines avec des collectifs bien huilés parce que les effectifs ne changent pas".

Vient alors l'éternelle question des infrastructures avec en point d'orgue le projet OL Land si cher au président Aulas. "Pourquoi l'Angleterre a dix ans d'avance sur nous ? Simplement parce que les Anglais ont rénové leur parc de stades, ils ont généré de nouveaux revenus, su attirer les meilleurs joueurs de la planète. La France est très en retard. On a loupé l'opportunité de la Coupe du monde 98. Pendant qu'on rénovait des vieux stades, les Anglais en ont construit de nouveaux qui sont de véritables lieux de vies et qui permettent de générer des aspects financiers non négligeables."

La gestion du cas Fred et du mercato hivernal
De Monaco à Lille, Claude Puel n'a à coup sûr jamais connu un tel joueur. Frederico Chaves Guedes dit Fred aura fait vivre des misères à son entraîneur. Même si avec du recul, l'entraîneur de l'OL ne veut pas entendre parler de mauvaise gestion de ce dossier. "Mais pourquoi considérer qu'il puisse y avoir des erreurs par rapport au cas Fred ? C'est un joueur très changeant. Un coup il voulait rester, un coup il voulait partir et un autre coup, il ne voulait plus s'entraîner. Ça a toujours été un joueur particulier même s'il était très apprécié au sein du groupe. C'était difficile de pouvoir compter sur lui. Après son cas s'est réglé hors mercato de par son initiative, pas par la nôtre. Cela nous a empêchés de pouvoir étudier des pistes étrangères par rapport au nombre de joueurs hors communautaire. C'est vrai que le cas de Fred nous a handicapés pour le mercato d'hiver. Désormais, c'est réglé, il est heureux au Brésil et nous, on a un championnat à finir".

Alors que certains joueurs à l'image de Kader Keita n'ont pas réussi à s'imposer dans le Rhône, une grande majorité de supporters aurait aimé que le club recrute lors du mercato hivernal. Que nenni. Puel aurait même refusé des joueurs comme Diego Milito, l'attaquant argentin qui évolue à Genoa (Italie). Des accusations que réfute fermement Claude Puel. "C'est faux, je n'ai pas refusé Milito. Si c'est pour prendre des joueurs qui ne sont pas supérieurs aux nôtres, je n'en vois pas la nécessité. On n'a pas été en position de pouvoir recruter les joueurs qu'on avait ciblés, puisque d'une part les équipes concernées n'ont pas voulu les lâcher à cette période. Et d'autre part, le non départ de Fred nous a empêché de recruter à l'étranger". Bernard Lacombe à qui l'on prêtait, par le passé, d'être omniprésent au sein de l'équipe professionnelle, est-il une source de problème pour Claude Puel ? "Nous avons de bons rapports, il y a toujours des échanges. Bernard respecte les prérogatives de l'entraîneur, il n'intervient pas dans les choix des joueurs, le choix d'équipe ou tactique".
Le 8ème titre pour sauver la saison
Des sifflets et des supporters prêts à venir manifester leur mécontentement à Tola-Vologe. En cette fin de saison, l'OL connaît quelques turbulences. Le club lyonnais est toujours leader (Ndlr : L'OL est désormais 3ème de Ligue 1) mais derrière la concurrence fait rage. Comprenant la déception des supporters de l'OL, Claude Puel veut faire preuve d'optimisme et de détermination. "Bientôt le titre va devenir quantité négligeable. Les gens se sont vite habitués, vite blasés. Il faut faire attention de rester toujours humble, il y a toujours une remise en cause. Surtout par rapport à une concurrence qui est de plus en plus exacerbée, qui a progressé ces dernières saisons. Les autres équipes du championnat ne font plus de cadeaux à l'OL. L'adversité est devenue beaucoup plus présente. Et même les équipes de deuxième partie de tableau viennent à Lyon pour faire un résultat".

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