Grand Lyon : le groupe UMP s'essaye au coup d'éclat face à Gérard Collomb

Dans l'exercice du pouvoir, la maîtrise de l'événement reste toujours une sérieuse garantie contre les épreuves politiques. Lors de la conférence de presse qui précède le conseil communautaire du Grand Lyon, Gérard Colomb, entouré de quelques vice-présidents, annonce que les élus du groupe UMP risquent de quitter la séance tels des enfants cédant à un caprice de cour de récréation : " attendez-vous à ce qu'ils sortent avec pertes et fracas " glisse un Gérard Collomb rieur.

Une polémique
Mais, enfin, le rire est sournois car il laisse insinuer que le coup de théâtre ne sera que l'extravagance d'un enfantillage inconsistant. Et c'est réussi. Une partie des journalistes quitte le Grand Lyon et la télévision n'enregistrera pas le coup de sang des élus UMP. Télégénique, la polémique n'aura pas lieu. L'événement sera relaté pas les quelques journalistes de presse écrite restés sur place. C'est déjà pas mal diront-ils à gauche ; ce n'est pas suffisant souffleront-ils à droite. Mais de quoi s'agit-il ?
Négociant avec l'Etat, le Grand Lyon a obtenu le remboursement anticipé de 26 millions d'euros au titre du Fonds de Compensation de la TVA (FCTVA) qui permet aux collectivités territoriales de compenser en partie la TVA supportée sur leurs investissements. Mais l'Etat pose ses conditions. En période de crise, les 26 millions doivent être réinjectés immédiatement dans l'économie pour " relancer " le tissu économique local. 9 millions d'euros iront dans l'entretien de la voirie sur toute l'agglomération. Et c'est là que les élus de l'opposition trouvent la source de leur courroux. Gérard Collomb aurait choisi les communes en fonction de leur couleur politique.

Un chiffon
Les villes qui soutiennent le président du Grand Lyon ont eu droit à leurs aménagements de trottoirs, à leur revêtement de chaussée, à leurs joints de dilation, à leurs passages piétons. Mais rien pour les communes hostiles. " Au nom de quels critères objectifs ces répartitions ont été faites, ignorant complètement des Communes dont les besoins en voirie sont très importants : Caluire, Oullins, La Mulatière, et toutes les communes des monts d'Or. 0 actions retenues en ce qui concerne ces villes, contre 20 à Lyon, 6 à St Priest, et toutes les villes de plus de 30000 habitants sont bien dotées, sauf Caluire. Le hasard, sans doute ? " hurle Gaël Petit, conseiller communautaire UMP et élu à Caluire. Furieux, il agitera le tableau de la liste des communes chéries par Gérard Collomb. Toutes ont été surlignées au fluo rose. A distance, le document donnera l'apparence d'un chiffon rouge. " Le rapport est mis aux voix. Qui est pour, qui est contre, qui s'abstient ? Il est adopté ! "

Une lettre
Quelques élus UMP quittent l'hémicycle. Prévenus par Gérard Collomb quelques minutes plus tôt, les journalistes les imitent et, sans surprises, assistent à une conférence de presse improvisée. Gaël Petit, Philippe Cochet (député-maire de Caluire) et François-Noël Buffet (sénateur-maire d'Oullins) en maîtres de cérémonie indignés. M. Buffet rend public un courrier de Pierre Abadie, vice-président à la voirie, qui le scandalise. On peut y lire que le Grand Lyon n'a pas " pris le temps de consulter les élus sur l'opportunité de ces travaux ". Gaël Petit a promis d'engager " des actions envers le Préfet et pourquoi pas la Chambre régionale des comptes " afin d'avoir un avis extérieur sur le sujet.
Pour le reste ? La lente litanie de la succession des rapports votés dans un charmant brouhaha qui reste l'indice le plus perceptible de résistance à l'ennui. Et par intervalles réguliers, les prises de paroles solitaires tentant de pénétrer des oreilles à l'écoute incertaine...

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