Pendant une heure, les représentants du personnel se sont succédés pour témoigner de 'l'aggravation sans précédent des conditions de vie et de travail' de l'ensemble des services de France Télécom. Une aggravation, qui a contribué, selon les syndicats, au suicide de 18 employés depuis début 2008 et à une augmentation des arrêts maladie.
Gilles Seguin, le secrétaire (CGT) du comité d'établissement de la division territoriale a dénoncé pêle-mêle : la vente 'à tout prix' imposé aux commerciaux, le manque de personnel qui amène à des 'plans de charge déments' dans les services techniques et des cadres 'obligés de bouger' tous les trois ans. 'L'initiative personnel, la reconnaissance des compétences, le savoir être et le savoir faire sont systématiquement mis au rebut. Ceci dévalorise professionnellement terriblement les salariés', déplore le secrétaire du CE.
Restructuration permanente
Pour les syndicats, la cause est connue : la restructuration continue de France Télécom qui a conduit l'ex-entreprise publique à supprimer 22 000 emplois en trois ans. Même si le plan de restructuration, baptisé NEXT, s'est terminé fin 2008, les suppressions de postes vont continuer, comme le confirme Denis Roussillat, directeur régional. 'Cela va se faire à un rythme qui ressemble à peu près au rythme précédent. En concentrant les activités sur les grandes villes'. Il se veut toutefois rassurant : 'le gros de la transformation est derrière nous. La réorganisation actuelle sera moins soutenue. Mais la nécessité d'avoir une efficacité économique au bon niveau est bien là. C'est lié à l'environnement concurrentiel dans un monde des télécommunications qui bouge constamment. Cela nous oblige en permanence à trouver des sources de croissance. Par exemple, on investit désormais dans le contenu. Cette transformation du business model nous oblige aussi à avoir une organisation toujours moins coûteuse'. En matière de contenu, Orange a en effet acquis pour 208 millions d'euros une partie des droits de diffusion de la Ligue 1 de football, pour la période 2008-2012.
Zéro licenciement
La direction de France Télécom précise que cette réorganisation se fait sans licenciement et avec 'beaucoup d'accompagnement'. Aujourd'hui, c'est bien cette politique de mobilité et de départs volontaires qui est brocardée par l'ensemble des syndicats, comme elle l'avait déjà été en novembre 2008, dans une étude (commandée par SUD et la CGC) menée par la sociologue Noëlle Burgi (lire notre article). De son côté, la direction insiste sur les dispositifs (espace d'écoute et accompagnement) mis en place pour faire face à cette souffrance au travail. Un changement de posture salué par les médecins du travail, dans leur rapport annuel bien que ces efforts ne soient pas jugés suffisants.
Du coup, outre l''arrêt des restructurations', les organisations syndicales demandent qu'on augmente les moyens donnés aux acteurs de la santé, et particulièrement aux médecins du travail, qui eux-mêmes, craquent. Certains démissionnent en signe de protestation, comme à la fin du mois de mai, un médecin de la division territoriale de Tours.
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