Jean Pierre Jeunet, réalisateur du Fabuleux destin d'Amélie Poulain et d'Un long dimanche de fiançailles, a présenté en avant-première à la presse sa dernière réalisation : Micmacs à tire-larigot. Dans le premier rôle, un Dany Boon transformé en chiffonnier naïf animé par la vengeance.
Dans un univers décalé et particulier cher à Jean-Pierre Jeunet, une bande de chiffonniers caricaturaux évoluent dans une sorte de caverne d'Ali baba de la récup'. Bazil, le héros, a perdu son père à cause d'une mine anti-personnelle posé dans le désert marocain et vit désormais avec une balle dans la tête qui menace de le tuer à chaque instant. Qu'importe cet univers lourd de misère, Jeunet retrace les aventures de cette bande de joyeux écorchés avec des clins d'œil et des allusions qui ne sont pas sans rappeler ses anciennes réalisations.
Entretien avec Jean-Pierre Jeunet et Dany Boon
Lyon Capitale : Quel a été le point de départ de l’aventure ?
J-P Jeunet : Comme toujours pour moi, tout est venu un peu en même temps. Il y a toujours au fond de moi la fameuse histoire du Petit Poucet... Et l'idée des marchands d'armes me trotte depuis longtemps dans la tête. Lorsqu'on faisait le montage de La cité des enfants perdus à Saint-Cloud à côté des usines Dassault, on allait souvent dans un restaurant où déjeunaient aussi les ingénieurs de Dassault. C'étaient des hommes comme il faut, en costume-cravate, avec de bonnes têtes, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'ils étaient en train de concevoir des armes de folies pour déchirer et tuer les autres êtres humains de la planète ! Mais je voulais faire une comédie. Et qu'est-ce qu'il y a de plus opposé aux marchands d'armes que des chiffonniers ? J'avais envie, face aux marchands d'armes, d'une bande de personnages à l'image des jouets de Toys Story.
A l'origine, vous avez écrit ce scénario pour Jamel Debbouze, mais rien ne s'est passé comme prévu…
J-P Jeunet : Après Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, j'avais promis à Jamel que j'écrirais un rôle pour lui. Je lui ai écrit Micmacs, sans lui dire exactement de quoi il s'agissait. Il était tout excité. On a donc lancé la production mais quelques mois plus tard, à deux mois du tournage, il m'a appelé pour me dire qu'il ne ferait plus Micmacs... Il avait des raisons personnelles qui faisaient qu'il n'avait plus envie de tourner à ce moment là. A deux mois du tournage, c'était un moment un peu … dur !
C'est à cause de Jamel que vous avez commencé par refuser de tourner le film ?
Dany Boon : Je n'arrivais pas à m'enlever de la tête que le film n'avait pas été écrit pour moi. Dans les descriptions, les didascalies du scénario, je voyais Jamel et pas moi. Pourtant, j'étais ravi que Jean-Pierre Jeunet pense à moi ! Finalement, il m'a proposé de faire des essais et j'ai tout de suite aimé la manière dont il m'a dirigé. Et me voilà.
On connait votre engagement contre la discrimination, l'injustice, l'extrême-droite. La comédie est un bon vecteur pour s’en prendre aux marchands d'armes ?
Dany Boon : Bien sûr. C'est une comédie mais l'arrière plan n'est pas anodin. Il y a quelque chose de politique entre l'affrontement des petits marginaux contre les gros businessmen. Beaucoup de marchands d'armes sont prêts à faire des profits sans aucun état d'âme. J'aime bien dans ce film ce mélange de loufoque et d'arrière plan légèrement politique...
Date de sortie cinéma : 28 octobre 2009
Réalisé par Jean-Pierre Jeunet
Avec Dany Boon, André Dussollier, Nicolas Marié...
Long-métrage français.
Genre : Comédie Durée : 1h44 min.