Après l'audit réalisé entre décembre 2008 et avril 2009 sur la gestion des deux précédentes présidences de l'université Lyon 2, Gilbert Puech, ancien président de 2001 à 2006 et membre actuel du conseil d'administration réagit à notre article "Lyon 2 repart en guerre" publié dans Lyon Capitale ce mois-ci. Il nous envoie une tribune que nous publions ici.
Tribune de Gilbert Puech :
"La commande par la Présidence actuelle d'un audit répondait à deux objectifs :
- repérer les faiblesses de l'université pour le passage aux "compétences élargies" (souvent appelée à tort "autonomie")
- apparaître comme le chevalier blanc, après des années de gestion calamiteuse à en croire sa propagande
L'audit donne le ton en déclarant : "Lyon 2 est dans l’étape de soumission aux exigences de la gestion.” De telles déclarations passent mal auprès d'une partie de la majorité qui soutient le président en place. Mettre en accusation les présidences précédentes permet de détourner l'attention des difficultés actuelles : encore faut-il ne pas taper à côté de la plaque. Or ce n'est pas le cas. Je prendrai deux exemples.
Sur les vacataires, on peut certes s'étonner par exemple qu'une Faculté comme Sciences économiques, dont l'ancien doyen et actuel homme fort de la présidence, en emploie 264 contre 120 enseignants sur poste ou que le département des enseignements transversaux FILTRE en compte 213. Derrière ces chiffres se cachent plusieurs réalités, dont aucune n'est analysée par l'audit :
- Lyon 2, comme beaucoup d'universités à dominante Lettres, Langues, Sciences humaines et sociales souffre d'un sous-encadrement dûment reconnu et chiffré par le Ministère. L'audit aurait été mieux inspiré en mettant en avant le déficit de l'université en postes d'enseignants qu'en criant au loup sur le nombre de vacataires, qui en est une des principales conséquences.
- La compétence d'intervenants extérieurs est requise si on veut dans l'intérêt des étudiants une université ouverte sur la société civile. Ces vacataires interviennent chacun pour un petit nombre d'heures, d'où le nombre élevé de personnes intervenantes pour un nombre d'heures qui reste raisonnable.
- Certains enseignements, c'est le cas par exemple de certains TD en langue ou en TICE, concernent de très grands nombres d'étudiants sans que l'université dispose, et de loin, de suffisamment d'enseignants-chercheurs pour les assurer. Qu'on coordonne ces enseignements dans un département de formation spécifique ou qu'on les saupoudre dans les différentes Facultés ne change strictement rien à cette réalité ! Il s'agit de collègues choisis pour leur compétence, intégrés à des équipes pédagogiques actives (contrairement à ce que dit l'audit) et soumis à évaluation.
Sur le plan de l'équipement informatique de l'université Lyon 2 sous mon mandat, je revendique haut et fort la politique qui a été suivie, et dont d'ailleurs ceux qui la mettent en accusation aujourd'hui à la Présidence ont été largement bénéficiaires. Lorsque l'audit déclare qu'on met trop de postes en libre-accès, c'est l'accès aux nouvelles technologie pour tous qu'il s'en prend : nous ne sommes pas une école de commerce où pour suivre le cursus il faut avoir les moyens de se payer son ordinateur et son abonnement à internet, même si en 2009 la situation n'est plus la même qu'entre 2001 et 2006.
Certaines accusations d'apparence technique (lien entre l'inventaire comptable et l'inventaire physique par exemple) visent en fait à suggérer qu'il y a eu des détournements ou des passe-droit sur les marchés publics. Si des erreurs ont pu être commises, il appartiendra aux autorités compétentes de les relever mais cela ne remet pas en cause les choix qui ont été faits, sur lesquels d'ailleurs l'actuelle présidence continue à s'appuyer (podcast, bureau virtuel etc. etc.).
Les réglements de compte contre les responsables, enseignants ou techniciens-ingénieurs, qui à SENTIER ont mis en oeuvre cette politique ambitieuse relèvent d'une forme de harcèlement, dont on voit les résultats dans de grandes sociétés actuellement sous les feux de l'actualité.
Lyon 2 doit réaffirmer ses valeurs, mises à mal par les divisions internes et les violences institutionnelles auxquelles elle a été exposée dans la période récente. Au moment où son président, élu pour quatre ans, choisit après 18 mois de mandat de quitter l'université et le service public, la question est maintenant de savoir ce que notre communauté veut.
Le mieux serait de nouvelles élections tout de suite, tant la situation est actuellement délétère, pour dégager une majorité responsable de son projet. Si ce n'est pas possible, le successeur d'Olivier Christin aura la responsabilité de redresser la barre en s'appuyant sur ce qu'apportent de positif les différents courants de pensée, au lieu de jouer de l'un contre l'autre et de laisser l'institution s'enfoncer".
Gilbert Puech
Elu au conseil d'administration de Lyon 2
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