L'élection des représentants du personnel a profité à la CFDT, encline au dialogue avec la direction, au détriment des autres organisations plus radicales. Tous se donnent rendez-vous le 8 décembre pour la poursuite du mouvement.
Est-ce le signe que la grève, annoncée pour le 8 décembre, ne sera pas autant suivie que ne l'espèrent les syndicats ? Les élections professionnelles du 12 novembre dernier ont surtout profité à la CFDT, réputé plus mesuré. C'est même le seul syndicat, hormis le tout nouveau Sud, à enregistrer une progression de son score par rapport à 2007, de 16,1 % à 25 %. Ces résultats peuvent être interprétés comme une lassitude des salariés à la suite des longs mouvements de grèves.
Les autres organisations, plus vindicatives, reculent, que ce soit Force Ouvrière (de 15,9 à 13,8%), l'Unsa (de 17,4 à 14,2%) ou la CGT (de 34,3 à 32,3%). Cette dernière reste toutefois la seule à dépasser la barre des 30% des voix, ce qui lui permet de signer seule un accord salarial. Trois autres syndicats se situent en deçà de 10%, le seuil de représentativité.
"Avec quatre organisations au lieu de six auparavant, ce sera plus facile de négocier", glisse un collaborateur de la direction de Keolis, la société gestionnaire. Autre enseignement de ce résultat : la participation en recul de dix points (à 61,7 %). Des signes qui montrent peut-être la défiance des salariés à l'égard des grandes organisations.
La réaction des syndicats :
Yves Gélibert (CGT) : "La direction a influé les votes"
"Ces résultats sont le fruit d'une campagne de la direction qui a tenté d'influer les votes et qui a permis à la CFDT de progresser. Mais elle ne pourra pas signer seule. Et nous restons la première organisation syndicale. La progression de l'abstention est due aux difficultés du vote par correspondance. La CFDT représente a priori les salariés qui ne voulaient pas faire grève. Ils ne sont pas majoritaires. Le conflit va se poursuivre pour le week-end du 8 décembre".
Denis Faye (Unsa) : "Les mécontents feront grève"
"Nous sommes un peu déçus. Il y a eu une campagne de l'entreprise pour faire voter pour la CFDT. Un message a été passé : il faut choisir le bon syndicat prêt à faire changer les choses et à signer un accord. Les gens qui sont mécontents de ces résultats pourront manifester leur déception en faisant grève lors du 8 décembre".
Maurice Delamotte (CFDT) : "Les salariés ont apprécié notre indépendance"
"C'est le travail qui paie. Lorsque nous avons été évincés de l'intersyndicale, nous avons poursuivi notre bout de chemin. Dépasser les 30% nous aurait permis d'être en position de force pour négocier, mais nous sommes contents du résultat. Les salariés ont apprécié notre indépendance. Cette démarche de dialogue avec la direction a été comprise. Ca ne nous empêche pas d'aller parfois au rapport de force. Pour les suites à donner au mouvement, notre position dépendra de la consultation que nous avons engagée auprès de l'ensemble du personnel. La négociation a conduit à des avancées mais il reste des points d'achoppement".
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