La cession d'Areva T&D aux groupes français Alstom-Schneider pose la question du maintien à long terme des emplois sur les sites rhône-alpins. Laurent Rousselle, délégué syndical CGT pour Areva T&D, s'inquiète des conséquences d'une telle opération en période de crise industrielle.
Depuis le printemps, l'Etat avait annoncé le début du processus de mise en vente de la filière Areva T&D. Cette branche d'activité du groupe Areva produit 38% du chiffre d'affaire du groupe et occupe 31 000 salariés dans le monde. Lundi 30 novembre, il est passé à l'étape supérieure en retenant un candidat au rachat. Les deux industriels français Alstom et Schneider ont gagné la course, au détriment du japonais Toshiba-INCJ et de l'américain General Electric. Ils ont valorisé la branche Transmission et Diffusion d'Areva à 4,09 milliards d'euros et ont joint à leur offre le maintien des emplois européens pendant une durée de trois ans.
Mais, alors que s'ouvrent les états généraux de l'industrie en région, les syndicats ne comprennent pas la stratégie gouvernementale concernant Areva. La CGT exige un gel de la procédure. "L'Etat justifie ce rachat par des motifs contestables. Il affirme qu'Areva a besoin de 10 à 12 milliards pour se développer, rétorque Laurent Rousselle, délégué syndical CGT à Mâcon. Pourtant, une expertise a révélée qu'il ne fallait que 2 milliards d'euros environ. C'est incompréhensible de mettre un terme à cette activité alors qu'elle se base sur des cycles plus courts que le nucléaire et que c'est un moyen efficace de dégager du cash sur le court terme. Toute candidature repreneur est une mauvaise solution, surtout dans l'état actuel de l'industrie".
Les emplois rhône-alpins en danger?
Rhône-Alpes est particulièrement touchée par cette décision puisqu'Areva emploie plus de 1800 salariés sur la région (1000 à Aix-les-Bains, 700 à Villeurbanne, 250 à Saint Priest). Malgré le deal passé par l'Etat avec Alstom-Schneider pour garantir la pérennité des emplois concernés par le rachat, il n'en reste pas moins qu'Areva T&D devra en contrepartie démontrer ses performances économiques. Mais comment faire en période de crise ? La CGT se positionne clairement contre ce tour de passe passe: "Le premier semestre 2010 s'annonce très difficile pour toute l'industrie française et particulièrement pour Areva. La stratégie choisie affaiblit encore notre entreprise. Alors que nous sommes en avance sur les technologies, on donne l'opportunité aux marchés étrangers de s'imposer. On ne tourne pas rond."
Certains élus réagissent aussi face à la contradiction des termes entre un Etat qui prône le soutien à l'industrie et un Etat qui se désengage de ses responsabilités. Dans un courrier adressé à Nicolas Sarkozy hier, Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes, exprime sa surprise concernant ce rachat "précipité" d'Areva T&D et demande des garanties à l'Etat. "La question de la pérennité des sites d'Areva T&D en Rhône-Alpes, comme ailleurs, et celle de leur développement futur est empreint du plus grand flou," s'inquiète-t-il. Laurent Rousselle, représentant CGT regrette que cette intervention soit aussi tardive mais espère encore un débat national sur la question. Un comité d'entreprise se réunit cette fin de semaine pour regarder de près les garanties sociales proposées et définir les formes de mobilisation.
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