Le Grand Débat Lyon Capitale (partie 3 : le développement économique)

Lyon Capitale organisait mercredi 6 janvier le premier grand débat autour des élections régionales de mars prochain. Jean-Jack Queyranne (PS), Françoise Grossetête (UMP), Bruno Gollnisch (FN), Philippe Meirieu (Verts) et Elisa Martin (FG) étaient réunis dans l’amphithéâtre de l’université professionnelle René Cassin à Vaise devant plus de 300 invités. Lyoncapitale.fr résume pour vous les meilleurs moments du débat.

Débat # 3 - Alors que la crise économique affectera encore en 2010 les entreprises et les salariés rhônalpins, la Région a-t-elle fait ce qu’il fallait en matière de lutte contre la crise ? A deux mois des élections régionales, Raphaël Ruffier Fossoul, rédacteur en chef de Lyon Capitale, interroge les candidats sur l'une des principales compétences de la Région.

Françoise Grossetête (UMP)

On vit une crise sans précédent, aucune région n’a été épargnée. Je veux me référer à Dominique Strauss-Kahn : il a salué le plan de relance de la France comme l'un des meilleurs. Je regrette que ma région n’ait pas voulu l'accompagner. Dans votre politique de développement économique, vous avez créé des politiques tellement contraignantes que les entreprises sont privées d’oxygène. Je cite le CARED en direction des PME/PMI qui consiste en l'aide au retour au développement durable. Il y a une déviation de cette politique en faveur des grandes entreprises. Je connais une société qui a déposé une demande en mai et qui s’est vue répondre que la ligne budgétaire était épuisée. Il est prioritaire d’abonder cette ligne, de privilégier les emplois. Il y a de tels carcans qui ont été créés que les chefs d’entreprises n’ont plus envie de taper la porte de la Région“.

Jean-Jack Queyranne (PS)

Personne ne doit faire de cocorico pour dire qu’on a été plus forts que les autres. En matière économique, il faut être modeste. Mais je peux dire deux choses. Je n’ai pas opposé l’Etat et les collectivités territoriales car quand il y a des difficultés, les problèmes et les différences politiques doivent passer après. On a été les premiers à signer des conventions là où il y avait du chômage partiel. On l’a fait à Oyonnax, à Bourg-en-Bresse, l’Etat est venu aussi. Avec les structures, avec les organismes patronaux, on n'a pas le droit de se diviser dans ces cas-là.

Les Etats généraux de l’industrie doivent maintenant se traduire en acte. Quand vous dites, madame Grossetête, que les chefs d’entreprises ne savent pas trouver le chemin de la région, mais pourquoi ? Parce qu’on ne distribue plus de subventions comme avant, parce qu’aujourd'hui on a un partenariat avec Oséo, la banque des PME. Rhône-Alpes représente 25 % de l’enveloppe générale d’Oséo en France. On n'est pas là pour distribuer des enveloppes, on est là pour mettre en place des mécanismes et c’est ce que je veux faire avec un fond stratégique d’investissement. J’attends la mobilisation des banquiers de la place et des institutions de crédits, c’est comme ça qu’on sauvera nos boites. Vous êtes complètement archaïque Mme Grossetête !“.

Bruno Gollnisch (FN)

Pour être honnête là encore, la Région ne peut pas sortir seule de la crise dans un contexte international qui ne s’y prête pas. J’espère que ces élections seront l’occasion pour les électeurs qui désavouent le dogme de la libre circulation des travailleurs, des biens et des capitaux de se prononcer sur ce sujet. Cela met l’ingénieur français en compétition avec l’ingénieur indien payé dix ou vingt fois moins. La Région peut seulement éviter d’aggraver les choses en n’augmentant pas de façon considérable la fiscalité. Il y a un certain clientélisme, les budgets communication ont flambé. On a dépensé un million d’euros pour apposer le logo de la région sur 33 TER. Il faut créer un observatoire de la concurrence déloyale, ne pas subventionner des entreprises qui ensuite délocalisent. Autrement il faut exiger la restitution des sommes“.

Elisa Martin (Front de gauche)

Je ne suis pas d’accord avec l’idée selon laquelle la crise serait derrière nous. Toutes les courbes du chômage indiquent le contraire. Peut-être qu’on en parle moins, mais les citoyens c’est bien à cela qu’ils sont confrontés. Je voudrais simplement attirer votre intention : avec les amis du PCF, nous avons été un certain nombre à œuvrer pour que les crédits emploi-formation soient augmentés, nous n’avons été entendus que partiellement. Pourtant nous sommes là au cœur de ce que peut faire la Région en matière de réponse à l’urgence sociale. Quand Jean-Jack Queyranne dit que nous sommes contre les entreprises, nous ne sommes pas pour la nationalisation de la fabrication de cacahuètes. Cela dit, nous voulons clarifier nos rapports avec l’économie privée, par l'adoption de critères clairs, des critères d'utilité sociale. Les conséquences environnementales de la production doivent être prises en compte et la place des salariés reconnue. C'est aussi sur cette logique-là qu’aurait dû être fondée l’intégralité des plans de relance que la Région a soutenue. Mais ce n'est pas suffisant, la Région doit travailler sur les formes coopératives, des formes qui reconnaissent la place des salariés et la relocalisation ou la localisation des activités y compris en terme de services publics pour construire du bien être pour chacun au cœur des territoire. Repartez des rapports des commissions permanentes (CP). Nous avons mobilisés des centaines de milliers d’euros, dans des secteurs extrêmement polluants. Je ne veux pas que nous soyons caricaturés, l’argent public doit servir l’intérêt général, nous ne sommes pas contre les entreprises.

Mme Grossetête, vous citez Strauss-Kahn, mais vous ne manquez pas de toupet ! Vous occultez une partie de son discours, il a dit que le plan de relance français était bon, mais surtout grâce au modèle social français, et cela vous l'oubliez“.

Philippe Meirieu (Verts)

Je crois que la crise est encore devant nous, c’est une crise du vieux capitalisme du 19e siècle dont ce sont les derniers soubresauts. Le système économique est en train d’aller dans le mur. Il faut être très modeste et très ambitieux. Modeste en aidant des coopératives de salariés, aider l’industrie du ski à se reconvertir car nos stations de ski sont condamnées par le réchauffement climatique. On ne peut pas aider des entreprises qui redistribuent leurs bénéfices aux actionnaires. On ne peut pas aider les entreprises qui ne respectent pas l’environnement. Il faut trouver des cahiers des charges beaucoup plus rigoureux. Ces petites choses capilarisent sur le territoire et permettent aux gens d’avoir l’espoir de retrouver un emploi. Il faut repenser le salariat, le bénévolat, aider l’intergénérationnel. On n’est pas allé assez loin dans la réduction du temps de travail. Chaque fonctionnaire pourrait avoir 10 ou 20 % de son temps pour accueillir des jeunes. Mais on est encore dans le logiciel taylorien du début du 20e siècle. Ce qui est suicidaire, c’est l’individualisme, la recherche du profit et la surconsommation “.

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