Azouz Begag : une campagne lancée jusqu’à «minuit moins le quart» ?

La tête de liste centriste assure vouloir aller jusqu'au bout. Mais ses détracteurs en doutent, échaudés par les municipales où il s'était retiré avant le premier tour. En attendant Begag ménage Queyranne, Meirieu et même le Front de gauche.

Azouz Begag veut faire une «campagne décalée et de la politique autrement». Et il a commencé à le faire dés la salle de presse où il est venu présenter les têtes de liste départementales du Modem pour les élections régionales. Begag est effectivement l’un des rares hommes politiques, et pour dire vrai le seul, avec lequel les journalistes peuvent rire aux éclats lors d’une conférence de presse qui n’a plus, alors, la mine triste, engoncée et routinière qu’ont ces conférences de presse qui meublent les emplois du temps en cette période pré-électorale.

Un remake de 2008 ?

En effet, Begag fait de la politique autrement, au moins sur la forme. Fraîcheur, spontanéité, parler vrai positivent les uns. Les autres, ses détracteurs au sein du Modem lyonnais, parleront plus volontiers d’amateurisme politique, de manque de sérieux ou d’incohérences dans le discours. Ces mêmes détracteurs doivent s’étonner de voir Begag toujours présent dans cette campagne. Eux (Éric Lafond, Stéphane Sacquépée et quelques autres militants Modem) qui redoutent et qui pronostiquent un abandon de l’ancien ministre à l’égalité des chances dans un remake réchauffé des élections municipales de 2008.

À l’époque, Begag était allé annoncer sur Canal+ qu’il jetait l’éponge pendant que ses camarades politiques du Modem s’écharpaient à Lyon lors d’une réunion qui restera mémorable de violence et de divisions. Si bien que certains continuent de croire à ce modus operandi politique et attendent l’heure où Begag lâchera l’affaire. «Ce sera à minuit moins le quart» rigole un militant Modem. Manière de dire que Begag peut abandonner même quelques heures avant le scrutin.

Mais hier, Begag, agacé, a réitéré son souhait de mener campagne «jusqu’au bout». Un compte de campagne a été ouvert, un mandataire financier choisi et les deniers personnels de chaque candidat des huit départements de Rhône-Alpes vont être mis à contribution. «Vous croyez que nous engagerions nos deniers personnels sans être sûrs de faire campagne et sans avoir l’assurance que nous dépasserons les 5% des voix ?» assène Begag. Le seuil des 5% garantit le remboursement des frais de campagne. Tels sont les gages qui sont donnés pour prouver qu’il ira au bout… du premier tour.

Ses sympathies pour Queyranne, Meirieu et le Front de gauche

Pour le second, le Gone des bidonvilles lyonnais ménage tout le monde, au moins l’arc républicain qui s’arrête juste au seuil de l’UMP de Nicolas Sarkozy haï par l’ancien Ministre à la promotion de l’égalité des chances. Le PS et Jean-Jack Queyranne : «Il a un bon bilan, mais malheureusement personne ne le sait. Seuls 20% des Rhônalpins connaissent le président de la Région. C’est un déficit démocratique !». Europe Écologie et Philippe Meirieu : «Je n’ai pas de divergences avec Philippe Meirieu, ni avec son éthique politique, ni avec son programme». Le Front de gauche et les communistes : «Pour le respect des peuples dominés par les colonies, j’ai du respect pour les communistes. Comment voulez-vous que moi, enfant de colonisés, j’ai une haine pour les communistes ?». Pas sûr que, même avec ce rappel larmoyant, le Front de gauche compte sur Begag pour une alliance de second tour.

Une vice-présidence à l’égalité des chances

Azouz Begag a même présenté quelques éléments de son programme qui sera connu dans les prochains jours. Il a demandé à ceux qui seront sur ses listes d’abandonner tout cumul de mandat exécutif et d’accepter l’idée d’un mandat renouvelable une fois. Begag souhaite créer une vice-présidence à l’égalité des chances «qui ne sera pas réservée aux Arabes et aux Noirs des quartiers». Il souhaite également créer une Banque Régionale du Tutorat, sorte d’agence de mutualisation de l’aide aux artisans ou aux personnes âgées. Même s’il critique les 24 millions d’euros de budget de communication de Rhône-Alpes, Begag veut mettre le paquet pour faire connaître Rhône-Alpes et porter à 200 le nombre d’agents qui travaillent dans les 8 agences décentralisées de la région. Ils sont aujourd’hui 80. Bref, Begag travaille, se convainc qu’avec lui «ça a de la gueule» et «du fond». Mais pour être crédible, il lui faudra veiller après «minuit moins le quart».

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