Beaucoup de rues sont équipées de feux sonores pour déficients visuels. Cependant, ils sont inadaptés à leurs besoins. Un arrêté ministériel de 2002 est même venu aggraver la situation. Explications.
Dans les villes, les feux sonores existent depuis 1993 aux carrefours des grandes rues afin d'aider les déficients visuels à traverser. Dans le Grand Lyon, 300 carrefours en sont actuellement équipés. Jusqu'en 2002, ces feux étaient tous radio-commandés, tandis qu'une voix indiquait si le feu piéton était vert ou rouge, ainsi que le nom de la rue.
Mais le 8 avril 2002, le ministre des Transports de l'époque, le communiste Jean-Claude Gayssot a signé un arrêté qui oblige les feux piétons à être équipés non plus d'un message parlé mais d'une ritournelle qui ressemble à un son de clochette lorsque le feu est vert, alors qu'une voix indique que le feu piéton est rouge. Problème : ce bip sonore se confond avec le bruit des travaux et de la circulation, tandis qu'il ressemble au signal du tramway qui intime aux piétons de ne pas traverser. De plus, il raisonne dans l'espace, et les non-voyants ne savent pas à quelle rue elle correspond, s'ils se trouvent dans un carrefour à plusieurs rues.
Souhila Diab, une déficiente visuelle juriste à la ville de Lyon explique que "l'arrêté d'avril 2002 est venu suite à une expérimentation au cours de laquelle des aveugles ont testé la fiabilité de la ritournelle. Mais bien qu'ils aient entendu cette dernière, ils n'étaient pas mis en situation réelle, dans la mesure où ils savaient qu'ils ne craignaient rien car des voyants étaient près d'eux pour les aider". Peu de temps avant les élections municipales de 2008, l'association lyonnaise Point de Vue sur la Ville a porté plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui. Cette plainte est intervenue suite à diverses lettres adressées aux ministres des Transports successifs, restées sans réponse.
Les élus font la sourde oreille
La plainte contre X déposée par Point de Vue sur la Ville a essuyé un refus de la part du Procureur. Cependant, le collectif continue son action. En effet, il a contacté Thierry Philip, maire du 3ème arrondissement et conseiller régional, qui a alerté Jean-Jacques Queyranne, président de la Région et Jean-Louis Touraine, député. Ce dernier a rédigé une question écrite aux parlementaires publiée au journal officiel le 13 octobre 2009. Or, le 2 février 2010, le secrétaire d'État aux Transports Dominique Bussereau a répondu que la ritournelle a été installée suite à une expérimentation. Cependant, il ajoute que ses services vont "interroger les associations représentatives de personnes handicapées visuelles sur cette question et, si les avis recueillis font émerger des difficultés de perception de cette signalisation sonore, les adaptations nécessaires seront étudiées". Le temps presse. Selon Souhila Diab, "un jour, l'un de nous se fera écraser si nos besoins ne sont pas pris en compte".
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Lyon : 3e ville de France pour l'accessibilité ?
Devant l'affirmation des associations de déficients visuels selon laquelle les villes ne font pas assez pour les déficients visuels, Thérèse Rabatel, adjointe à la ville de Lyon chargée de l'égalité femmes-hommes et du handicap explique que "la ville de Lyon essaie de faire un maximum d'efforts pour les handicapés". Afin de démontrer son propos, elle explique que "l'Express a classé la ville de Lyon 3ème derrière Nantes et Évreux sur la question de l'accessibilité".
Cependant, Georges Masson, vice-président de Point de Vue explique que cette affirmation n'est qu'à moitié juste car "Lyon a effectivement été classée troisième, mais seulement pour les personnes qui circulent en fauteuil roulant, et non pour l'accessibilité des handicapés en général".
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