Mika
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Pour ou contre Mika ?

Attachant ce dyslexique ballotté de Beyrouth à Londres qui se révèle en Bee Gees de convictions qui dit non à une invitation de Sarkozy ? Ou agaçant ses ritournelles haut-perchées issues du pays des Bisounours qui donnent la désagréable sensation d’être un dépressif invité à l’une de ces fêtes où l’on est obligé de s’amuser ?

Pour

Michael Holbrook Penniman junior a tout de la victime idéale. Une jeunesse digne d’un roman de Charles Dikens où le petit Mika, ballotté de Beyrouth à Londres, plonge dans le mutisme, se découvre dyslexique, va même jusqu’à s’inscrire dans une école de commerce, avant de résoudre tous ses maux par la musique.

Presque un beau roman, assurément une belle histoire qui, additionnée au succès du monsieur, attire les sarcasmes. Un air bien propret dans un univers fluo, porté par une voix de jeune fille et un succès planétaire qui lui a permis de vendre un peu moins de 20 millions de disques, voilà qui n’arrange rien. Du pain béni pour certains critiques qui en ont dézingué pour moins que ça. Car les mecs qui réussissent, chez nous, on n’aime pas trop.

Pourtant, original, son premier album l’était bel et bien. Avec une voix de castrat qui couvre quelque quatre octaves et flirte dangereusement avec les aigus, le bonhomme rappelle tout de suite les Bee Gees et autres Scissor Sister. Trop lisse pour être érigé prince de la pop, le bonhomme porte pourtant quelques convictions au point de décliner une invitation de notre Président de la République. De quoi rendre le personnage tout de suite plus sympathique.

Contre

La vie dans un dessin animé”, c’est avec cet album que Mika a explosé à la face du monde comme un ballon à l’hélium. Et c’est bien l’impression qu’on a chaque fois qu’on écoute un de ses morceaux : le monde réel s’efface pour laisser place au pays de Bisounours pop attaqués au LSD et de couleurs qui piquent les yeux. Un pays où l’on n’aurait dans sa discothèque l’intégrale de George Michael et de Queen.

Orchestrations ampoulées, voix suraiguës, glam-pop gay-friendly, Mika a trouvé la formule pour grimper quatre à quatre les marches des charts et tonifier les réveils difficiles. Mais il empêche aussi l’endormissement serein quand à 2 heures du matin, l’une de ses ritournelles haut-perchée fait des vrilles dans votre cerveau. Ce qui fait qu’à force d’écoute, volontaire ou non, à force de ne pas pouvoir se décoller ses tubes de la tête, à force d’allumer la radio pour tomber sur Lollipop ou n’importe lequel de ces successeurs, on finit par avoir l’impression d’être un dépressif invité à l’une de ces fêtes où l’on est obligé de s’amuser et de porter une perruque. Où la maîtresse de maison vous assène des “allez amuse-toi un peu ! avant d’aller s’effondrer en larmes dans la salle de bain.

Il en va de cette pop exaltée comme du sucre, elle vous pique d’euphorie avant de vous abandonner au vide et à la fringale. Car comme tous les hyperactifs, Mika n’épuise que les autres. Le deuxième album, à la pochette quasi identique à la première (une explosion de couleurs), s’intitule “Le garçon qui en savait trop”. “Le garçon qui en faisait trop”, eut-été plus adapté.

Samedi 24 avril à la Halle Tony Garnier. www.mikasounds.com

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