SERIE DU LUNDI. Gérard Collomb est-il présidentiable ? Alors que le maire de Lyon multiplie les prises de positions nationales de façon à asseoir sa candidature à la primaire socialiste, nous avons interrogé des journalistes politiques et éditorialistes de la presse nationale. Cette semaine, Nicolas Domenach, directeur adjoint de Marianne.
"Devenir président, c'est une histoire qui se construit. Il n'a peut-être pas depuis suffisamment longtemps cette obsession et c'est tant mieux pour Lyon. Il n'a pas assez façonné et soigné ses réseaux nationaux au fil des années. De même ne s'est-il pas sans doute pas assez construit dans cette perspective. La présidentielle est l'ascèse d'une vie. Or il en a eu plusieurs. Mais les grands barons locaux seront indispensables en vue d'une victoire de 2012. La distinction entre pouvoirs nationaux de droite et locaux de gauche, c'est fini. Ces derniers ne peuvent plus de satisfaire d'un gouvernement conservateur tout en gardant les commandes locales. Ils savent qu'avec la réforme territoriale, ils sont condamnés. Donc Collomb jouera un rôle en 2012. S'il n'est pas président, il sera de ceux qui feront le roi. L'une de ses grandes forces, c'est d'être sous-estimé par ses adversaires. C'est ainsi qu'il a conquis l'essentiel de ses mandats.
On ne l'imaginait pas il y a 20 ans maire de la ville. Je me rappelle du mépris de la bourgeoisie lyonnaise à l'égard du petit Gérard. Il avance couvert, comme le faisait Chirac qui passait pour un benêt et qui en jouait à merveille. Collomb a l'intelligence de faire croire aux gens bien éduqués qu'ils lui sont supérieurs. Il ne faut pas oublier son milieu d'origine. C'est un fils du peuple, il n'appartient pas à une caste supérieure. Si le PS veut reconquérir les classes populaires, il devra délaisser sa connivence avec le néo-libéralisme. Collomb ne sera jamais de la bande du Fouquet's ni du clan des énarques qui imaginent tous que le pouvoir leur revient de droit divin. Ca lui donne une force qu'on mésestime. C'est aussi un gagneur, un combattant enragé sous ses airs souriants. Ma famille est originaire de Lyon. Il a su habilement se lier à l'OL. Autant qu'Aulas, il en retire les retombées positives. Or une histoire est en train de se tisser entre l'OL et la France. Et Collomb, il a clairement l'écharpe du club autour du cou".
Une fois de plus, je remarque que la presse nationale est bien loin des analyses du microcosme lyonnais.Je suis majoritairement d'accord avec l'analyse de M. Domenach :-Gérard Collomb a un rôle à jouer dans le cadre du débat qui va s'ouvrir lors de l'élaboration du projet de la gauche et du parti socialiste pour les prochaines échéances présidentielles-Son statut d'élu local, sa proximité avec les électeurs en fait un interlocuteur de choix -Ses succès à Lyon, et dans l'agglomération sont unanimement salués, un modèle lyonnais émerge, c'est assez rare pour être souligné