Entretenant le mystère de ses origines, Arandel déboule dans le paysage avec In D, étonnant album d'« électro » sans machine et variation envoutante autour de la note ré. Mode d'emploi.
Lyon Capitale : Comment est né le projet Arandel ?
Arandel : D'un remix que j'avais fait écouter à Agoria, qui avait beaucoup aimé. Le groupe commanditaire avait refusé le remix, le trouvant trop binaire à leur goût et Agoria m'a proposé d'en faire quelque chose sur Infiné, son label. Au départ ça devait être un single, si bien qu'il manquait une face B pour le compléter.
Pourquoi avoir choisi d'en tirer un album ?
Comme j'ai été un peu pris de court et que je n'avais pas spécialement le temps de réfléchir à un nouveau projet, j'ai proposé une variation sur le premier morceau, avec les mêmes instruments, la même tonalité. Et puis Infiné m'en a demandé un troisième, puis un quatrième. On en est venus au EP, puis au mini album, et au final, j'avais de quoi faire un album complet. Mais ce cheminement a quand même pris un peu plus de deux ans. Finalement, Arandel est un peu né malgré moi et le "concept" s'est défini tout seul, au fur et à mesure de la conception de ce qui allait devenir In D
On peut donc parler d'album concept ?
Oui. Déjà, il y a cette idée d'une suite de variations, autour de la note ré (ou D, en Anglais). C'est un peu l'idée d'Arvo Pärt (compositeur estonien de musique contemporaine, NDLR) selon laquelle, "jouer une seule note avec beauté est suffisant. si l'on y parvient, il n'y a plus rien à ajouter. c'est le mystère de la musique". Et puis il y a aussi l'idée d'une musique faite avec des instruments, dans laquelle la technologie n'a pas autre fonction que celle d'enregistrer la musique produite : pas de midi, pas de banque de sons, pas de samples, pas de claviers numériques et priorité à la prise de son, à l'invitation de musiciens, à l'enregistrement live. C'est une contrainte que j'entends poursuivre.
In D est aussi une référence directe à Terry Riley et à son disque In C...
Plutôt un clin d'oeil. Le contenu musical d'In D n'a pas grand chose à voir avec la démarche de Terry Riley, surtout celle d'In C où les musiciens jouent une partition de séquences. Mais c'est effectivement une oeuvre que je connais depuis longtemps, et qui m'a beaucoup marqué. Je ne voulais pas donner de titres à ces morceaux. L'appeler "en ré opus 1", c'est une façon de laisser l'auditeur s'approprier la musique. en y plaquant ce qu'il veut dessus.
Justement, cette musique est-elle accessible à tous ?
J'attends d'avoir un retour de mes parents là-dessus pour savoir s'ils vont pouvoir entrer dedans ou pas. Blague à part, même si je crois que c'est une musique qui nécessite qu'on prenne le temps de l'écouter, de rentrer dedans, elle ne me semble pas difficile. Même si l'album est instrumental, c'est une musique très figurative et mélodique. Pas une musique expérimentale ou abstraite. C'est une musique à vivre.