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© tim douet

Rythme scolaire : la semaine de quatre jours remise en cause

Faut-il des semaines de travail allégées mais plus nombreuses ou, comme actuellement, un calendrier plus court mais plus dense ? Alors que le ministre de l’Education nationale a relancé le débat, Lyon s'engage en faveur d'un retour aux quatre jours et demi d'école. C'est ainsi que le groupe scolaire Gilbert-Dru (Lyon 7e) travaille ainsi le mercredi matin.

Peut-on contenter tout le monde sur les rythmes scolaires dans le primaire ? La solution idéale, sachant allier les besoins de l’enfant et les impératifs des nouveaux modèles de la famille, semble difficile à trouver. Le 7 juin dernier, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a décidé de lancer un plan de réflexion. Plusieurs points seront mis sur la table et débattus dans les académies du 15 septembre au 15 décembre prochain. En mai 2011, des pistes seront enfin proposées après une synthèse des idées obtenues. Mais quels sont les points de discorde ?

4 jours ou 4 jours et demi ?

Alors qu’il était ministre en poste, Xavier Darcos a aménagé la semaine de quatre jours d’enseignements, contre quatre jours et demi auparavant. Bien que la décision appartienne aux conseils d’école, après consultation de la commune les quatre jours sont désormais préconisés au niveau gouvernemental. Ce qui ne fut pas sans problème. Les arguments pour le samedi et le mercredi chômés sont principalement d’ordres familiaux. En effet, les réformes Darcos partent du principe que la famille a changé et que l’école doit s’adapter à ces nouvelles dispositions. Familles recomposées, parents ne pouvant voir leur enfant que le week-end ou encore activités extrascolaires le mercredi matin.

Démonstration insuffisante selon les associations de parents d’élèves, qui, pour la majorité, sont pour la semaine des 4 jours et demi permettant « d’alléger la semaine déjà bien chargée des enfants », affirme Julien Delaverne, parent d'élève à la FCPE. « Bien qu’étant une demi-journée propice à l’absentéisme, la nécessité d’une matinée supplémentaire permet de réduire les heures hebdomadaires et de faire des activités culturelles ou bien sportives, moins difficiles à assimiler pour l’enfant » ajoute-t-il.

La France est l’un des pays européens où la durée hebdomadaire d’enseignements est la plus importante : 24 heures par semaine organisées à raison de 6 heures par jour maximum. A cela il faut ajouter l’aide personnalisée de deux heures mise en place par les réformes Darcos. En passant à quatre jours, les journées se sont donc alourdies des heures initialement prévues le samedi matin. « Au sein du corps enseignant, une majorité des collègues sont pour les quatre jours. Cela leur permet d’avoir des week-ends complets. Je suis un "désobéisseur" qui se soucie plus du bien-être de l’enfant plutôt que de mon propre intérêt », affirme André Abeillon, membre du réseau des enseignants du primaire en résistance pédagogique. Mais bien au-delà des heures du samedi matin, c’est l’organisation concrète de la semaine qui est mise en cause.

Mathématiques le matin et sport l’après-midi

Le modèle allemand semble avoir la cote auprès des parents et des enseignants. Celui-ci permet l’apprentissage des enseignements fondamentaux le matin (histoire, français, mathématiques), associé à un temps du midi plus calme pour le repos de l’enfant. L’après-midi est dédié au sport et aux activités culturelles. Malgré l’orientation vers ce modèle, de nombreuses questions pratiques se posent.

Dans son article, Aménager le temps scolaire, pour qui ?, paru dans la revu Enfances et Psy, François Testu, professeur de psychologie et doyen de l'UFR Arts et Sciences humaines à l'université François Rabelais à Tours, écrit : "Aujourd’hui, nous savons scientifiquement que le début de matinée et l’après-déjeuner sont de mauvais moments, tandis que le milieu et la fin de matinée pour tous les enfants, et la fin de l’après-midi pour les plus âgés de l’école primaire, sont de bons moments. Aussi les enseignants doivent-ils tenter de placer à ces bons moments les apprentissages et les activités demandant le plus d’attention et d’effort cognitif. Au contraire, les moments reconnus comme moins favorables peuvent être occupés des contenus plus ludiques". Ce modèle allemand, préconisé par le psychologue, a été expérimenté à Lyon où la municipalité se bat pour tenter de réinstaurer la semaine de 4 jours et demi.

Lyon à rebours ?

La municipalité de Lyon et plus particulièrement Yves Fournel, adjoint en charge de l’Education et de l’Enfance, ont voulu continuer à utiliser les 9 demi-journées d’école dès mai 2009. L’adjoint lyonnais aurait souhaité que les conseils d’école, s'ils le souhaitent, puissent revenir au rythme antérieur. Après un refus de Luc Chatel, les négociations ont repris pour arriver à l’expérimentation d’un nouveau système calqué sur le modèle allemand.

Le projet a été présenté à tous les acteurs : familles, agents municipaux et ville de Lyon. Puis un vote a permis aux parents de s’exprimer avant que le conseil d’école puisse l’adopter. Le nouveau calendrier, lancé dès la rentrée 2010, réserve les temps du midi comme des temps calmes encadrés par des animateurs titulaires du BAFA pour un ratio de 15 enfants par adulte. Il prévoit aussi que la classe soit dispensée le mercredi matin de 8h30 à 11h30 et les autres jours de 8h30 à 11h30 et de 13h45 à 16h30 suivi d’ateliers périscolaires jusqu'à 17h30. Les journées seront ainsi de 6 heures d’école maximum mais coupées et cassées par des activités plus ludiques telles que la musique, la découverte culturelle et le sport l’après-midi.

Mais l’école le mercredi matin et les activités de l’après-midi soulèvent quelques interrogations. « Nous sommes ouverts à toute discussion Mais à qui reviendra la charge des activités sportives ou culturelles ? Les instituteurs ne sont pas formés à ça et il ne faudrait pas que ces activités soient un coût supplémentaire pour les parents qui sont déjà accablés de charges », prévient Françoise Rennaux-Baron, présidente Rhône de la PEEP. Le cheval de bataille de la PEEP n’est pas tant la répartition hebdomadaire du temps scolaire que la durée des vacances qui devrait être réduites pour permettre aux enfants de travailler moins pendant la journée.

La fin des grandes vacances ?

Sur ce point du débat, les associations de parents d’élèves et les professeurs semblent trouver un terrain d’entente. La PEEP propose de réduire les départs en vacances à deux zones au lieu de trois afin d’harmoniser les calendriers. Et de grignoter les grandes vacances de deux semaines pour alléger les journées. Une option qui va à l’encontre des propositions ministérielles qui seraient de zoner aussi les grandes vacances.

Mais il semble que le ministère se préoccupe surtout de favoriser l’industrie du tourisme afin de charger encore plus les semaines de réservations pendant l’été. Pourtant, selon les spécialistes, l’alternance de sept semaines de cours coupées par deux semaines de vacances serait la meilleure solution. C’est d’ailleurs pourquoi la FCPE insiste pour que les élèves finissent leur congé estival mi-août et aient une réelle coupure de deux semaines à la Toussaint au lieu des dix jours actuels.

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