Laisser fumer pour ne pas boire la tasse

Lyon fait figure de rebelle à la loi anti-tabac. Des patrons-cafetiers ont décidé d'autoriser leurs clients à fumer du tabac dans leur bistrot ou boîte de nuit. Un choix assumé malgré des amendes parfois salées.

Janvier 2008, Christophe Cédat, le patron du Café 203, décide de ne pas se laisser faire face à la loi anti-tabac qui doit être appliquée dans tous les lieux dits "de convivialité" (cafés, hôtels, restaurants, discothèques, casinos). "Pourquoi interdire de fumer alors que le produit est en vente libre. Il faut arrêter l'hypocrisie", affirme l'intéressé. Selon lui, son établissement est en tous poins prévu pour autoriser la clientèle à fumer librement. L'intérieur est divisé en deux : une partie fermée de toute part dans laquelle le tabac est prohibé et une autre couverte mais aérée par de grandes ouvertures murales. Pourtant il reste dans l'illégalité, puisque les policiers viennent régulièrement verbaliser les contrevenants. Et les sommes peuvent rapidement grimper : 68 euros par client pris sur le fait et 135 euros pour le tenancier. Le 8 juin dernier, ce ne sont pas moins de six personnes qui ont été verbalisées dont Christophe Cédat lui-même. Certains diront qu'il cherche un peu à "se faire allumer" au regard de la déco quelque peu provocante de sa salle à tabac. Un écran qui diffuse en boucle des photos de cendriers usagés, des tableaux pop-art représentant des mégots, une vitrine où sont exposés cendriers factices et enfin une immense photographie de ses propres poumons attirent les yeux des clients.

Des situations de plus en plus courantes

Le café 203 n'est pas un cas isolé mais juste le plus médiatisé. Certains patrons préfèrent rester dans l'ombre afin de protéger leurs clients d'éventuelles amendes. Même s'il ne faut pas chercher très loin pour trouver un pub, un bar ou une boîte de nuit où les fumeurs peuvent s'adonner à la consommation de nicotine, la discrétion est de mise. Que ce soit une boite sur les quais, un bar ou un restaurant, leur choix est souvent motivé par les mêmes raisons. "Je ne me vois pas faire sortir mes clients sur le trottoir, beaucoup trop petit d'ailleurs, pour en griller une. Chez nous la politique est claire, si une personne, en fin de repas, souhaite fumer une cigarette, elle demande aux tables avoisinantes si ça les dérange et alors elle peut en allumer une sans problème", confie le patron du restaurant lyonnais. "Mais on fait ça en fin de service seulement", insiste-t-il. Au night-club, des questions de logistique entrent en jeux : n'ayant qu'un barman et un videur, il paraît trop difficile, pour la direction, de gérer les aller-retours des fumeurs et la sélection à l'entrée. "Nous ne sommes pas des rebelles ou des militants, mais juste des commerçants souhaitant le meilleur pour leurs clients", affirme le gérant de l'établissement. Dans l'ensemble, l'équilibre semble satisfaire une majorité des Lyonnais qui ont le choix entre respecter la loi ou risquer la contravention pour ne pas laisser leur liberté partir en fumée.

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