professeur Paparel
©Tamarana production – Martin Rolland

Première médicale : un rein extrait… par le vagin

Le 30 août dernier, une équipe de chirurgiens de l’hôpital Lyon-sud a réalisé une première mondiale en procédant à l’extraction du rein d’une patiente présentant une obésité sévère…par son vagin. Au-delà de l’aspect insolite, cette technique pourrait bien s’avérer être une chirurgie d’avenir.

Après le traitement des cancers du rein par cryothérapie, le CHU Lyon-Sud s’illustre encore dans la prise en charge des pathologies rénales. Le 30 août dernier, une équipe menée conjointement par le professeur Philippe Paparel, chirurgien urologue, et le professeur François Golfier, chirurgien gynécologue a procédé à l’extraction du rein d’une patiente par le vagin. Le geste est une première en France, mais l’intervention réalisée sur une patiente présentant une obésité morbide, est une première mondiale. L’organe, source d’infections chroniques, devait être retiré, mais le surpoids de la patiente représentait un risque conséquent pour une telle intervention. "Il y avait deux options : réaliser une intervention par la technique habituelle en retirant l’organe par une incision sur l’abdomen, ce qui représentait un risque majeur, ou alors ne pas opérer, comme le font certains chirurgiens", explique le professeur Paparel. En effet, les personnes présentant une obésité majeure ont un risque élevé de complications médicales et chirurgicales : thrombose veineuse, infarctus du myocarde ou difficultés respiratoires. L’épaisseur importante de la paroi abdominale due à la couche de graisse, augmente également le risque infectieux, ainsi que les chances d’apparition d’hématomes voire d’éventrations. Finalement, le chirurgien a opté pour une troisième option.

"Une chirurgie d’avenir"

L’intervention se déroule sous coelioscopie, c'est-à-dire sans ouvrir totalement l’abdomen. L’urologue introduit quatre trocarts à l’intérieur de la paroi abdominale, ne nécessitant que la réalisation de petites incisions (5 à 12 mm) qui permettent le passage d’une caméra et d’instruments chirurgicaux. Alors que dans une cœlioscopie standard, le rein est extrait en agrandissant l’une des incisions déjà faite au minimum de 6 cm, le chirurgien gynécologue réalise ici une incision "invisible" au fond du vagin pour accéder à l’intérieur de l’abdomen. Il y introduit un sac d’extraction pour retirer le rein. Pour le professeur Paparel, "cette chirurgie parait d’ores et déjà être une chirurgie d’avenir". "Nous allons maintenant proposer les deux possibilités d’intervention à nos patientes", confie-t-il. Pour le patient, l’avantage de cette technique est double puisque au-delà de la limitation des risques, le confort post opératoire est également amélioré. "La patiente opérée est sortie seulement trois jours après l’intervention. Un laps de temps record. De surcroît, il n’y a aucun impact sur la vie sexuelle qui reste totalement normale", confie le chirurgien. Un bémol pourtant à cette extraction du rein par voie vaginale, il n’y a pas d’équivalent pour les hommes.

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