Concentré, impeccable en défense, le Français a écoeuré ce vendredi l’Argentin David Nalbandian, battu 6-4 2-6 6-4 6-3. Il apporte un 2e point à l’Equipe de France de Coupe Davis, dans cette demi-finale face à l’Argentine, au Palais des Sports de Gerland. France 2 - Argentine 0.
A la conférence de presse, Gaël Monfils l’a lâché : il est tout simplement « heureux » sur le court. Certes, Nalbandian, presque intouchable avant l’US Open, l’impressionnait. Il l’a reconnu, il était nerveux avant le match. Mais dès les premières balles d’échauffement, il s’est décontracté. Parce qu’il jouait au tennis et que c’est « ce qu’il sait faire de mieux » dans sa vie. « Ça fait longtemps que je n’ai pas aussi bien joué », reconnait-il. Son meilleur match ? « L’un des meilleurs de l'année, corrige Gaël. Dans le top 3 ».
Un pantin désarticulé
Fort du premier point rapporté par Llodra, Monfils attaque pied au plancher, tonique. En face, Nalbandian, un peu pataud, peine à rentrer dans le match. La sanction tombe : un double break. Mené 4-1, l’Argentin rentre peu à peu dans la partie. Les forces s’équilibrent, Nalbandian débreake même. Mais concentré sur son engagement, Monfils boucle la manche 6-4. Heureusement pour lui, car l’Argentin est un tout autre joueur. Le guerrier céleste donne de méchantes frappes de coup droit, n’hésitant pas à prendre le filet. En face Monfils court, dans tous les coins du terrain, « comme un beau diable », dira Forget. Avec ses deux bandeaux vissés aux genoux, il a une allure robotique, et même de pantin désarticulé, à même de réaliser les plus beaux grands écarts. Mais ces prouesses articulaires ne servent souvent qu’à mettre la balle dans la raquette de l’Argentin, à la volée. Au 4e jeu, Nalbandian, qui joue le feu, conquiert le break. Les supporters sud-américains exultent. Ils s’époumonent, brandissent le point, dansent. Moins nombreux, mais on n’entend qu’eux. Décidément plus mordant, le joueur argentin arrache même un 2e break et le set, 6-2.
Glissade, grands écarts et même un saut périlleux
On croit alors qu’il a pris définitivement l’avantage dans ce match. Mais c’est mal connaître la versatilité du joueur, et ses sauts de concentration. Le Français en était bien conscient. « C’était une machine, il ne bougeait plus de sa ligne. Mais je savais que ce serait dur pour lui de tenir cette cadence ». Guy Forget conseille à son poulain de servir slicé, afin de sortir son adversaire du court. Une stratégie payante puisque le Français est plus à l’aise sur ses engagements. « Dans l’échange, je mettais plus de lourdeur dans mes frappes pour le gêner », ajoute Monfils. Il surprend son adversaire au 3e jeu. Chacun tient alors son service et le Français gagne 6-4.
Nalbandian se reprend en début de 4e set, et prend le service de Monfils au 2e jeu. L’Argentin conquérant, le Français coupable d’attentisme et de maladresses : le match semble relancé. Monfils ne lâche pas l’affaire : il se couche sur le court, improvise des glissades sur Taraflex et exécute même un saut périlleux de défense. Il montre à l’Argentin qu’il est bien là. Et ce dernier commet deux double-fautes au 5e jeu, permettant au Français de combler son retard. Dans les échanges, Nalbandian semble plus hésitant, moins enclin à prendre le filet. Toujours impeccable dans son jeu de défense, le Français accule le sud-américain au coup de trop. « Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent être partout comme moi et je savais que ça pouvait l’agacer », explique Monfils, le sourire en coin. On sent alors que Nalbandian perd peu à peu ses nerfs. La salle est survoltée. Au milieu de la fureur, le clan argentin est un îlot de silence. Au changement de côté, le sud-américain jette sa raquette, commet des fautes. Et c’est lui cette fois qui se couche sur le court et tarde à se relever. Il est définitivement sorti de son match. Le Français, ragaillardi, sent la victoire à portée de raquette. Il aligne cinq jeux de suite et plie le match.