Ce soir débute la saison musicale de la salle de concerts croix-roussienne A Thou Bout d'chant. La chanteuse Buridane, lyonnaise d'adoption, ouvre le bal avec trois concerts de suite. Rencontre avec une ancienne danseuse qui a préféré la voix au corps.
Elle a une voix qui porte, affirmée, mais qui peut être timide et légère. Elle a commencé en solo, mais joue parfois avec un batteur et un bassiste. Elle était danseuse, et maintenant, elle chante. Buridane aime les choix multiples. Et pour cause, elle tire son nom de scène de la fable de Buridan, qui conte l'histoire d'un âne mort de ne pas avoir pu choisir entre l'eau et le foin qui étaient à égale distance dans son pré. Quand on lui demande si elle s'est guérie de son indécision, elle répond qu'elle ''y travaille''. Effectivement, elle n'est plus vraiment l'âne de Buridan, puisqu'entre l'eau et le foin, elle choisira l'eau, ''parce qu'on peut vivre sans manger mais pas sans boire. Et parce que le foin, c'est dégueulasse, non?''
Danseuse déçue, chanteuse endurcie
Après son bac, elle quitte Rouen pour s'installer à Lyon, et entame une formation de danse contemporaine. Mais le milieu lui déplait, elle se demande comment elle va vivre de son art. Parallèlement, elle se forge sa culture musicale: ''je suis une fan du rock américain des années 50-60, c'est mon côté rétro.'' Puis les événements s'enchainent et elle foule sa première scène assez rapidement. Trop rapidement? ''Je me retrouve aux Francofolies en trois ans alors qu'il y en a qui rament depuis dix ans, ce n'est pas très juste'', explique-t-elle. Le milieu de la musique, elle s'y est retrouvée confrontée aussi très vite. ''Je suis arrivée là dedans à 21 ans, je ne connaissais rien à la musique, je ne savais même pas ce qu'était un jack'', se remémore-t-elle. Des coups bas, elle en a vécu, mais ça lui a permis de grandir, de s'affirmer, de s'imposer.
Buridane compose, écrit et chante. Seule ou accompagnée, elle livre des textes riches et poétiques, que l'on sent muris depuis longtemps par une ancienne timide à peine guérie. ''En classe, j'étais malade à l'idée d'être interrogée, je rougissais très vite, confie-t-elle. Je voulais dépasser cette peur là, utiliser ma voix, me faire violence.'' Une décision qu'elle ne regrettera pas. Ce jeudi, vendredi et samedi, elle sera, en solo, tête d'affiche d'À Thou Bout d'chant, et ce n'est pas ce qui la rassure le plus. Elle s'explique : ''une demi heure avant, je me demande pourquoi je fais ce métier et je me dis que c'est vraiment débile de se mettre au milieu d'une scène et de s'exposer. Et quand je ressors, je me dis « putain, c'est cool quand même''.
A Thou Bout d'chant, 2 rue de Thou, 1er arrondissement
Entrée: 12 euros