Olivier Panis : "Mon but était d'être champion du monde de F1"

QUE SONT-ILS DEVENUS ? - Chaque lundi, nous vous présentons une personnalité lyonnaise qui a fait l'actualité et ne la fait plus. Cette semaine, Olivier Panis, ancien pilote de F1. Vainqueur en 1996 du GP de Monaco, il a commencé le karting à 14 ans, avant d'accéder à la F1 en 1994. Aujourd'hui retiré des circuits, il continue de courir aux 24h du Mans, aux Le Mans séries et pour le trophée Andros.

Lyon Capitale : Quels souvenirs gardez-vous de ces années passées sur les circuits de Formule1 ?

Olivier Panis : C'est un super souvenir. J'ai eu la chance de faire ce sport pendant dix ans. Mon but aurait été d'être champion du monde mais les podiums de F1 et le GP de Monaco, le circuit le plus regardé au monde, ont été des moments magiques.

Vous avez commencé le karting à 14 ans. Est-ce à dire que vous étiez "né" pour ça ?

J'ai toujours été passionné de mécanique et de courses automobiles. Quand je me suis mis à faire du karting, c'était pour le plaisir. La F1 était tellement loin que je n'y ai pensé qu'en m'y approchant. Dans ce sport, il y a tellement d'appelés et peu d'élus...

Comment avez-vous vécu votre victoire en 1996 ?

Personnellement, ce n'était pas un aboutissement, mais une étape avant d'être champion du monde. Professionnellement, tu es perçu différemment, d'autant que je n'étais pas parti avec la meilleure voiture, ni avec la meilleure équipe, ce qui a beaucoup surpris. J'étais dans une équipe (Ligier, NDLR) capable de jouer entre la 6e et la 10e place avec, par miracle, un podium de temps en temps. Gagner un GP, on n'avait, ni la prétention, ni la voiture, ni l'équipe pour cela. Mais il y a eu, à Monaco, des conditions atmosphériques difficiles, chose que j'ai toujours aimé, et ça m'a permis de me battre aux avants-postes. L'optimisme a ensuite fait le reste.

Puis, au GP du Canada (1997), vous êtes victime d'un accident...

Une suspension a cassé et je me suis fracturé les deux jambes. J'ai été absent trois mois (de juin à septembre) alors que j'étais troisième au Championnat du monde. Mais je suis revenu plus fort mentalement en fin de saison.

Pensiez-vous que cet accident serait synonyme de fin de carrière ?

Non, pas du tout. J'avais de grosses fractures, mais les médecins me disaient que je retrouverais toutes mes facultés. Je savais que la F1 est un sport dangereux. Je ne l'ai pas trop mal pris parce que ce n'était pas de ma faute. Après, c'est toujours dommage que ça t'arrive quand tu te bats pour la victoire à chaque course. Mais ça t'endurcit.

Vous êtes ensuite devenu pilote-essayeur chez McLaren...

En 1997, avant mon accident au Canada, j'étais troisième au Championnat du monde. En 1998, avec Alain Prost, l'année a été très difficile. En 1999, ça s'est mieux passé. Et, en 2000, je voulais savoir ce que je valais vraiment dans la meilleure équipe et avec la meilleure voiture. Avec McLaren, j'ai parcouru environ 27.000 kilomètres. L'année d'après, ils voulaient me garder, mais je voulais recourir.

Pourquoi avez-vous décidé de vous retirer des Grands Prix ?

C'était un choix personnel et familial. J'avais trois enfants et, à 38 ans, ça commence à tirer un peu. Ça a été longuement réfléchi, d'autant que j'ai eu deux grosses sorties de route cette année-là. J'en suis sorti indemne, mais je l'ai perçu comme une sonnette d'alarme. Malgré les paillettes, les courses et les voyages demandent beaucoup d'investissement personnel. Et j'en avais marre ! Mais j'ai gardé l'envie de conduire.

Vous n'avez pas arrêté pour autant la conduite puisque vous participez régulièrement aux 24h du Mans...

À la fin 2006, je voulais tourner une page. J'ai alors participé au trophée Andros (il a terminé quatrième en 2008 et troisième en 2009, NDLR). Puis, je me suis mis à l'endurance (24h du Mans et Le Mans séries, NDLR). Là où la F1 est plutôt un sport égoïste, les courses d'endurance favorisent le collectif.

Vous êtes aujourd'hui père de trois enfants. Ont-ils attrapé le virus ?

J'ai un garçon qui va sur ses seize ans et deux filles de 12 et 8 ans. Le garçon, qui est en 1ère S, fait du karting depuis deux ans et est passionné de courses automobiles. L'école, c'est important donc on va voir s'il arrive à concilier les deux.

La semaine prochaine : Anne-Marie Comparini, ex-présidente du conseil régional.

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