Les ravisseurs d'un gérant de station-service jugés cette semaine

Trois ravisseurs présumés ainsi qu'un autre homme ayant participé à la séquestration d'un gérant de station-service à Rillieux-la-Pape sont jugés depuis le 11 octobre à Lyon. En 2006, ils avaient enlevé cet homme et réclamé à sa famille une rançon de 100 000 euros. Leur otage avait réussi à s'échapper la nuit même et les gendarmes étaient remontés jusqu'aux ravisseurs. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison.

Le lundi 11 octobre s'est ouvert au Tribunal de grande instance (TGI) de Lyon, le procès des quatre ravisseurs présumés d'un gérant de station-service. Les faits remontent au 20 janvier 2006. Ce jour-là, à 7h30, Mourad, se fait enlever sur son lieu de travail à Rillieux-la-Pape. Trois individus encagoulés, armés et vêtus de noir lui attachent les pieds et les mains avec du scotch et l'oblige à monter dans une voiture bleue de marque Audi. "Je leur ai proposé de prendre la caisse mais je me suis rapidement rendu compte qu'ils m'en voulaient personnellement", expliquera Mourad aux gendarmes. Les ravisseurs le conduisent alors dans une maison de Châtillon-sur-Chalaronne (01), c'est là que la victime sera séquestrée pendant plus de douze heures. Le gérant de la station-service est roué de coups, son examen médical révélera par la suite de multiples hématomes sur le visage, le thorax ainsi que sur les membres inférieurs et supérieurs de son corps.

Les ravisseurs veulent à force de violence forcer Mourad à téléphoner à l'un de ses cousins. Il exige de lui le versement d'une rançon de 100 000 euros. Au téléphone, celui-ci s'engage à obtenir la rançon qu'il parvient à faire descendre à 30 000 euros. Mais la somme ne sera en réalité jamais versée aux ravisseurs. Ceux-ci se rendent à Lyon pour récupérer la rançon et rentrent bredouille. Ils n'ont pas réussi à entrer en contact avec le cousin qui aurait finalement refusé de se plier aux instructions. Mourad en fait les frais, il est une nouvelle fois victime de violences avant d'être enfermé dans une chambre située à l'étage et placé sous la surveillance de l'un de ses ravisseurs. Les deux autres repartent une nouvelle fois à Lyon.

Le Tournant

Dans la nuit, le geôlier quitte la chambre intrigué par une voiture qui vient d'arriver devant la maison. Le gérant saisit sa chance, il réussit à se défaire de ses liens et saute par la fenêtre du premier étage. Il réussit à prendre la fuite et c'est pieds nus qu'il court se réfugier chez les gendarmes. Le lendemain 6 heures, ces derniers investissent le gîte utilisé pour la séquestration, les ravisseurs ont évidemment quitté les lieux mais ont laissé derrière eux de nombreux indices. Les investigations menées permettent de remonter jusqu'à eux grâce au contrat de location de la maison. Elle a été loué le 7 janvier 2006 pour une durée de quinze jours par un couple identifiés grâce au numéro d'immatriculation de leur voiture qui figurait dans le contrat de location.

Le couple est interpellé quelques jours plus tard. Durant les interrogatoires, la jeune femme reconnaît avoir loué la maison de Châtillon-sur-Chalaronne à la demande de son petit ami, mais elle précise qu'elle ne connaissait pas ses projets d'enlèvement. Son compagnon, après vérification des gendarmes, aurait participé à la séquestration mais pas à l'enlèvement du gérant de la station-service. L'examen de leurs téléphones permettra aux enquêteurs de remonter jusqu'aux trois complices. L'un des ravisseurs jugés par contumace cette semaine est toujours en fuite.

Les quatre hommes sont jugés cette semaine devant la cour d'assises du Rhône pour "complicité de séquestration ou d'enlèvement de personnes comme otage pour obtenir l'exécution d'un ordre ou condition" avec une double circonstance aggravante : les faits ont été commis en bande organisée et en l'état de récidive pour trois d'entre eux. Les accusés encourent jusqu'à vingt ans de prison.

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