Collomb : "Frêche méritait d'être ministre sous Mitterrand"

Par Julien Martin | Rue89

"Collomb est un ami de 40 ans, un frère", affirmait encore Georges Frêche au début de l'année. Aujourd'hui, c'est le sénateur-maire de Lyon qui rend hommage au président du Languedoc-Roussillon et ancien maire de Montpellier, qui a succombé à une crise cardiaque ce dimanche, à l'âge de 72 ans.

Rue89 : Quelle est votre réaction au décès de Georges Frêche, qui disait vous considérer comme son "frère" ?

Gérard Collomb : Je l'accueille avec émotion. Je l'ai toujours soutenu, j'avais même été le soutenir lors des dernières élections régionales, alors que le Parti socialiste présentait une candidate contre lui. Il a toujours été un grand élu local, pour sa région et pour sa ville. Il a été un très grand maire de Montpellier, il l'a sortie de l'anonymat et l'a développée économiquement.

Il était pourtant une personnalité politique des plus controversées…

C'est quelqu'un qui a toujours eu le sens de la provocation. Mais il a souvent été injustement accusé. Prenez l'exemple des harkis : sa phrase était peut-être malheureuse, mais lorsque j'étais député dans les années 80 et avais été désigné rapporteur d'un texte sur les harkis, il était l'un des seuls à m'appuyer.

L'accuser d'antisémitisme après sa sortie sur Laurent Fabius était tout aussi faux. Il a toujours défendu Israël. George Frêche m'avait glissé : "C'est terrible qu'on me dise antisémite." J'ai voyagé avec lui en Israël et je peux vous dire qu'il était accueilli en ami par la communauté juive.

C'est pareil avec l'installation dernièrement de ses statues des grands hommes à Montpellier. Certains peuvent y voir de la provocation, mais d'autres peuvent y voir matière à méditation. On aura peut-être au XXIe siècle des jugements différents sur les grands hommes du XXe siècle…

"Le Parti socialiste ne doit pas oublier ceux qui l'ont construit"

Considérez-vous que le Parti socialiste devrait pleurer l'un des siens aujourd'hui ?

Georges Frêche a été un de ceux qui ont implanté le Parti socialiste en France, ceux qui ont arraché des villes et des circonscriptions à la droite. Il a aussi été de toutes les bagarres internes. Il aurait d'ailleurs mérité d'être ministre sous François Mitterrand, mais du fait de ses relations houleuses avec lui, ça n'a pas été le cas.

Ce n'était pas un homme de cour, ses relations étaient souvent brutales, mais franches. Il avait en revanche de l'amitié pour Lionel Jospin et l'a toujours soutenu, comme il a soutenu de nombreux combats du Parti socialiste. Le Parti socialiste, malgré les divergences à certains moments qui ont conduit à son exclusion, ne doit pas oublier ceux qui l'ont construit.

Quid de la succession de Georges Frêche dans la région, sur laquelle il régnait sans partage ?

Il va forcément apparaître des gens nouveaux, mais son ancrage dans la population était tel que ça ne devrait pas être quelqu'un qui était en contradiction avec Georges Frêche.

Pour vous, ça ne peut donc pas être Hélène Mandroux, la maire socialiste de Montpellier qui l'a affronté aux dernières élections régionales…

Je ne crois pas. Quand on sait ce qu'elle a fait et dit durant la campagne, ça marque quand même…

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