11 000 personnes selon la police, 36 000 selon les syndicats ont participé jeudi 28 octobre à la 7e. journée de mobilisation contre la réforme des retraites. En pleine vacances scolaires, les salariés, en particulier les grévistes, certains depuis plus de quinze jours à la SNCF et à Feyzin, étaient déçus de ne pas retrouver les jeunes dans le cortège.
"On va voir combien de personnes sont descendues dans la rue, et on votera demain", les salariés de la raffinerie Total de Feyzin, attendaient beaucoup de cette 7e. journée de mobilisation, ils sont plutôt déçus.
400 jeunes réunis sous la bannière de l'UNEF, 300 à 400 autres dans les regroupements de gauche et d'extrême-gauche en tête de cortège, une dizaine d'étudiants des Beaux Arts, autant de l'Institut d'Etude Politique de Lyon … Ils étaient peu nombreux ce jeudi dans la manifestation.
Rien à voir, en tous cas, avec les chiffres du 19 octobre, dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Mardi dernier, 18 000 personnes étaient descendues dans la rue à Lyon, selon la Police, 45 000 selon les syndicats, soit 40% de participation en moins. Mais surtout, cet état de fait décourage, voire énerve, certains grévistes, comme Xavier salarié de la raffinerie Total de Feyzin, en grève depuis quinze jours : " on se demande bien où sont les jeunes aujourd'hui ? ".
Pourtant, vacances scolaires obligent, certains jeunes ont fait leur entrée sur le front de la contestation ce jeudi. Maé, 9 ans est assise sur le siège avant de la Kangoo du syndicat d'enseignants du 1er degré Snuipp. Chénoa, 7 mois, défile, dans la poussette poussée par son père, Frédéric, cégétiste convaincu. Enfin, une maman, porte sa fille sur les épaules qui elle-même brandit une pancarte en carton : " Sarko, t'es foutu, la maternelle est dans la rue ".
La CGT majoritaire, mais contestée
Plus sérieusement, toutes les branches professionnelles sont représentées. Dans le cortège, les banderoles se suivent et se ressemblent : CGT La Poste, CGT Arkéma, CGT EDF-GDF, CGT Merk Santé, CGT Direccte, CGT Finances, CGT Caisse de sécurité sociale, CGT Vinatier, CGT psychiatrie, CGT HCL, CGT " GHM, les portes du sud à Vénissieux ". Et là, mention spéciale à cette élégante manifestante qui ose une pancarte sans équivoque : " 67 ans, pourquoi pas 69, quitte à se faire baiser ... ", CGT Renault-Trucks, et j'en passe. La CGT est ultra-majoritaire. Une domination écrasante et pourtant, le désaccord couve.
Comme Xavier, 37 ans, la quarantaine de syndicalistes de la raffinerie Total de Feyzin affiche grise mine. Déçus que les syndicats n'aient pas appeler à la grève reconductible, le meilleur moyen selon eux, de faire plier le gouvernement. De leur côté, ils sont en grève depuis quinze jours, sans résultat. Ceci dit, la solidarité inter-professionnelle leur a fait chaud au coeur. " On a reçu des dizaines de soutiens, les gens ont fait des collectes en France et même en Allemagne ". Et ce n'est pas fini, plus haut sur le cours Gambetta, les salariés de l'Autre Côté du Pont, bar coopératif, servent de la soupe aux manifestants, " à prix libre pour soutenir les grévistes ".
@ Houcine Haddouche - Manifestants en rappel sur la façade d'un immeuble, rue de la Barre, jeudi 28 octobre à Lyon
Derrière, 400 syndicalistes de la CFDT manifestent dans le calme. Ils reprennent tranquillement et en rangs bien serrés les refrains de leur leader : "Nous voulons que tu intègres toutes nos revalorisations ! La retraite ! La retraite !". Même attitude dans les rangs clairsemés de la CFE-CGC, syndicats des cadres. Noël, salarié du secteur bancaire, n'appelle pas à la grève dure, mais persiste à croire au poids de la rue dans le débat sur la réforme des retraites. A 61 ans, il n'est cependant pas concerné par la réforme votée mercredi à l'Assemblée nationale.
Enfin, Didier 35 ans, animateur sociaux-culturel à Lyon et syndicaliste CNT n'est pas sur la même ligne. "On ne devrait pas gaspiller nos cartouches avec des grèves "carrées" de 24 heures. On aurait préféré des grèves reconductibles, elles seules auraient pu faire plier le gouvernement ". Il regrette la stratégie des confédérations. "On la subit déjà depuis 2003 ", s'insurge-t-il. "Ce n'est pas avec des manifestations saute-moutons qu'on va gagner ", poursuit Bernard, 45 ans, enseignant dans le privée à Tassin-la-demi-lune et syndicaliste Force Ouvrière. Ils sont 150 à 180 syndicalistes FO à manifester dans le cortège, "20% des forces syndicales en présence", selon Bernard à Lyon. Lui qui espérait bloquer le pays, "mais le gouvernement a eu l'intelligence de ne pas toucher à la retraite des routiers", rappelle Xavier. "Il faudra débriefer après la grève pour savoir ce qui n'a pas fonctionné", conclue le pétrochimiste.
Peu d'élus dans la manifestation
Enfin, en queue de cortège défilent les partis politiques. 200 militants socialistes emmenés par Jacky Darne, patron de la fédération socialiste du Rhône entouré de Farida Boudaoud, vice-présidente à la région et de Michèle Edery, adjointe à Saint-Fons. Plus haut, Evelyne Nicole et Daniel Deleaz, élus communistes à Pierre-Bénite défilent, écharpes tricolores en bandoulière. Il fait beau, les manifestants défilent dans le calme. Les élus sont dans leur élément, heureux. A 11h, Ségolène Royal rejoint les socialistes. Xavier nous souffle, "en 2012, je ne crois pas que Sarkozy puisse être réélu après ces manifestations. Mais il ne faut pas non plus que le PS. J'espère qu'Europe-Ecologie / Les Verts pourront faire quelque chose ...".
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