Lisandro, l’anti-star

Depuis son arrivée à Lyon, les entretiens accordés par Lisandro Lopez à la presse sont extrêmement rares. Pour cette rencontre avec Lyon Capitale (magazine du mois de novembre 2010), “Licha” offre une facette inédite de sa personnalité.

Lyon Capitale : Depuis votre arrivée à Lyon, vous vous faites plutôt rare dans les médias...

Lisandro Lopez : Franchement, je suis sans cesse sollicité. J’ai bien conscience que je suis un personnage public mais je n’aime pas trop me mettre en avant. Je suis plutôt discret. D’ailleurs, si j’ai accepté de répondre à vos questions, c’est que vous êtes sûrement tombés sur un bon jour (rires).

Vous ne souhaitez pas vous exposer en raison de votre timidité ?

Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ?

On pense que oui. On vous trouve plutôt timide...

Vous êtes dans le vrai ! (Sourire) Je ne suis pas extraverti, comme vous l’avez constaté.

Comment gérez-vous votre énorme popularité ?

De nombreux supporters m’interpellent dans la rue pour me demander une photo, un autographe ou tout simplement pour prendre de mes nouvelles. Cela se fait toujours dans le respect. Les gens me démontrent leur soutien et tant mieux. Ça veut dire que je fais correctement mon travail sur le terrain. J’aimerais parfois être moins reconnu, mais bon, les Lyonnais sont gentils avec moi.

Sûrement, parce que vous êtes la star (1) de cette équipe de l’OL...

Les étoiles sont dans le ciel ! (Rires) Je suis un peu populaire, mais pas une star. Je pense me comporter comme n’importe quel citoyen. Je suis une personne tranquille et respectueuse. Quand j’ai confiance en quelqu’un, je suis alors plus libéré et détendu, une personne normale en fait.

Que faites-vous après l’entraînement ?

Je rentre à la maison. Je sors peu de chez moi. Seulement, pour faire quelques courses indispensables. Le shopping et les sorties nocturnes à Lyon ne m’intéressent pas.

Jean-Michel Aulas n’aura donc pas de problèmes extra-sportifs à gérer avec vous ?

(Rires) Effectivement, l’OL n’aura pas de souci de ce genre avec moi.

Peut-on vous qualifier de solitaire ?

Solitaire non, mais c’est vrai qu’être seul me permet de me reposer. La solitude ne me dérange pas. Comme tout le monde, j’ai besoin de partager quelques instants avec mes proches, mais généralement, même seul, je me porte bien.

Vous êtes donc plutôt casanier ?

Je m’occupe suffisamment à la maison pour être bien. Je m’y sens bien, ça me repose. J’ai les chaînes de télévisions argentines, je prends le temps de discuter avec quelques amis. Je trouve toujours quelque chose à faire.

Vous êtes, paraît-il, un passionné de pêche. Avez-vous eu l’opportunité de pêcher à Lyon ?

J’aime beaucoup la pêche, mais avant tout j’aime pêcher en bonne compagnie, avec un ami ou un proche. À Lyon, je n’ai pas l’occasion de pêcher, mais je compte bien retrouver ce plaisir en Argentine. J’espère pouvoir y retourner durant la trêve hivernale. Cela me permettra aussi de retrouver les miens.

Avez-vous eu le temps de découvrir la gastronomie française ?

La nourriture française me plaît. J’ai déjà mangé de très bons plats. Est-ce que je sais cuisiner ? Oui, si vous venez chez moi, je vous assure que vous mangeriez à votre faim : des choses simples comme des pâtes, de la viande ou du poulet... Globalement, en cuisine, je me défends.

Parlez-vous le français ?

Je le comprends surtout. Quand je suis dans le vestiaire, sans avoir peur du ridicule et sans la peur de me tromper, je peux avoir une conversation en français. Logiquement avec des erreurs, mais je me fais comprendre. Je n’ai pas eu de cours particulier. J’apprends sur le tas avec mes coéquipiers.

Dans le vestiaire, avec quel(s) joueur(s) avez-vous le plus d’affinités ?

Avec Chelito Delgado, évidemment, par rapport à la langue déjà, et parce que nous avons des choses en commun comme la musique, la nourriture et le football argentin. En général, j’ai de bonnes relations avec tout le monde, notamment avec les Brésiliens, Hugo Lloris et Rémy Vercoutre. L’important est que je n’ai jamais eu de problèmes avec qui que ce soit.

Rémy Vercoutre a semble-t-il joué un rôle décisif dans votre intégration ?

Rémy Vercoutre, parle et comprend l’espagnol. Quand je suis arrivé, il m’a beaucoup aidé. Ici, les joueurs se fréquentent rarement en dehors des terrains. En Argentine, l’ambiance est plus familière, en allant boire un café l’après-midi ou dîner ensemble le soir. Avec Rémy Vercoutre, j’ai quelque part retrouvé cela.

Lorsque vous avez accepté cet entretien, vous nous avez suggéré d’éviter de parler de football. Mais on tente le coup. Pensez-vous que l’OL puisse encore gagner le championnat ?

Combien de journées reste-t-il ?

Énormément !

Bah voilà (rires). Si tu as des doutes, c’est que tu ne connais pas le football. Cela peut arriver de dire que nous sommes mauvais, mais avec autant de points en jeu, le titre est tout à fait possible.

Pensez-vous que Lyon a une belle carte à jouer en Ligue des Champions ?

Vous savez bien que la Coupe d’Europe réunit les meilleurs clubs, avec des joueurs expérimentés, d’envergure internationale, qui font la différence sur des petits détails. Ce n’est pas impossible pour nous, mais la Ligue des Champions reste, évidemment, beaucoup plus difficile que la Ligue 1.

Peut-on dire que Lyon a eu peur la saison dernière en demi-finale de cette compétition face au Bayern Munich ?

Décidément, on parle beaucoup de football (sourire). C’est votre instinct de journaliste qui refait surface (rires). Pour répondre à votre question, je ne dirais peut-être pas de la peur, mais sûrement trop de respect, surtout au match aller (défaite 1 à 0 à Munich). Nous ne nous sommes pas mis dans de bonnes conditions. Avec plus de folie et de détermination, on aurait pu faire basculer les choses en notre faveur.

Quelles sont vos relations avec Claude Puel ?

Je n’ai pas de lien amical, mais nous entretenons de bonnes relations professionnelles, avec du respect. C’est le plus important.

Parlons un peu tactique. Pensez-vous que votre pressing incessant sur les défenseurs adverses influe sur l’état d’esprit de vos coéquipiers ?

Si je contamine mes coéquipiers, tant mieux ! La pression défensive commence par l’attaquant car c’est celui qui joue le plus haut sur le terrain. Mon entraîneur me le demande, alors j’essaye de le reproduire aussi souvent que possible. Si demain l’entraîneur me dit : “ne presse pas”, alors j’attendrai au milieu de terrain. Bref, au même titre que mes coéquipiers, je me dois de respecter les consignes données par le coach.

Préférez-vous évoluer seul sur le front de l’attaque ou associé à Bafétimbi Gomis ?

À chaque fois que j’ai joué avec Bafé, je me suis senti très à l’aise et ça m’a plu. Bien sûr, que j’aimerais jouer avec lui.

(1) Star se dit “étoile” en espagnol

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“Licha” en aparté

Sa barbe ?

“À Porto, j’avais juste la barbichette, puis un jour je me suis laissé la barbe complète. Je ne suis pas prêt de l’enlever. Je voulais changer un peu de style. Aujourd’hui, ça me paraît étrange de me voir en photo sans barbe. Dans l’ensemble, je ne prends pas spécialement soin de mon apparence : je me rase une fois par semaine, ça suffit !”

L’anneau noir sur son oreille gauche ?

“Je l’ai acheté au Portugal. J’en ai juste un, c’est toujours le même que je porte. Je l’enlève juste pour les matches, mais sinon je le garde toujours sur moi.”

Son chewing-gum ?

“Il me permet de mieux respirer. Il évite d’avoir la bouche trop sèche, et je sens que ça m’aide. Je n’ai pas peur de l’avaler donc ça va.”

Le doigt sur la tête ?

“Ce geste est né au cours d’une discussion avec un ami, durant ma dernière année au Portugal. Nous cherchions la manière dont j’allais fêter mon prochain but. Ce geste est resté.”

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CV EXPRESS

Nom : Lopez

Prénom : Lisandro

Surnom : “Licha”, simple diminutif de Lisandro

27 ans, né le 2 mars 1983

Clubs : Racing Club (2002-2005), FC Porto (2005-2009), Olympique Lyonnais (depuis 2009)

Musiques préférées : Un peu de tout sauf le disco, le rock’n’roll et la musique classique.

Acteur préféré : Denzel Washington

Plat préféré : “Carne de cerdo a la barrica” (un plat à base de viande de cochon au barbecue)

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