Tunnel de la Croix-Rousse : les riverains plus inquiets que jamais

Inquiets des conséquences des vibrations dues aux tirs d'explosifs qui seront pratiqués dans le nouveau tunnel à partir de la fin du mois côté Rhône pour prolonger son percement, les membres de l'association "ça bouge sur la colline" ont réclamé des informations au Grand Lyon. Une réunion publique est organisée ce jeudi soir à 18h30 en salle du conseil à la mairie du 1er par le Grand Lyon.

Les riverains sont donc invités à 18h30 en salle du conseil de la mairie du 1er, réunion ouverte à tous, mais attention les places sont limitées, cent personnes seulement pourront entrer. Gérard Claisse, adjoint au président du Grand Lyon, chargé du dialogue avec les habitants, interviendra pour rappeler le calendrier du projet. Les riverains eux, comptent surtout sur l'intervention d'un représentant du CETU, Centre national d'étude des tunnels, pour les rassurer.

Une cinquantaine de personnes, réunies en association, habitant pour la plupart sur le trajet du tunnel, sur "la colline qui travaille", sont très inquiètes. Elles se demandent si les tirs de mines ne vont pas sérieusement endommager les immeubles, au point de les voir s'effondrer comme en 1977, cours d'Herbouville. Un événement qui avait fait des morts, les Croix-Roussiens s'en souviennent encore.

La colline de la Croix-Rousse : comté ou gruyère ?

Ainsi, André Bordet n'hésite pas à dire : "c'est du gruyère là-dedans, ils ne savent ce qu'ils peuvent provoquer !", évoquant la composition géologique de la colline dont personne ne sait de quoi elle est faite, selon le bureau de l'association.

L'étude d'impact réalisée dans le cadre de l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique (DUP), rapport que Lyon Capitale s'est procuré, définit précisément la composition géologique de la colline : "3 nappes phréatiques superposées" sur un "socle granito-gneissique", entrecoupé de "formations sédimentaires", soit de l'eau, du sable sur une base granitique. Le tout, sous l'un des quartiers les plus denses d'Europe, un site inscrit "centre historique de Lyon". Pas une mince affaire pour le groupement d'entreprises et le Grand Lyon qui mènent le projet.

Risques d'affaissements à l'entrée du tunnel

"En phase de travaux, le creusement des têtes du nouveau tube pourra provoquer des affaissements en surface, des éboulements et des glissements de couverture aux têtes de tunnel", indique le rapport d'experts. Aussi, des "valeurs limites de vibrations ont été définies" à 5,5 millimètres par seconde (vitesse au-delà de laquelle la vibration due à l'explosion est jugée dangereuse pour les immeubles), selon l'association. L'entreprise qui réalise les travaux sera donc obligée d'installer des capteurs sur la colline pour mesurer la puissance des vibrations et vérifier qu'elles ne dépassent pas ce seuil, comme elle l'a déjà fait côté Rhône. Une vibration maximale de 5,6 millimètres par seconde y aurait été enregistrée. Inquiétant.

Un expert en vibration*, interrogé sur ce seuil des 5,5 mm/s, estime quant à lui que "la science des vibrations n'en est qu'à ses débuts en France". "En acoustique, précise-t-il, on a des normes et des décrets; mais en vibratoire, on n'a que des normes". Pas de décrets, donc pas de seuils officiels français en matière vibratoire pour la protection des immeubles. "Les Allemands, termine l'ingénieur, ont les deux : des normes et des décrets. Ils sont en avance sur nous". Il y a donc fort à parier selon lui que les entreprises chargées du projet du tunnel de la Croix-Rousse se sont inspiré des normes allemandes. Mais personne n'a expliqué aux riverains d'où venait ce chiffre.

Extension du périmètre de sécurité

La collectivité et les entreprises missionnées sur le projet n'en ont pas moins défini un périmètre de sécurité, dit "périmètre de référé préventif" qui protège juridiquement les propriétaires de la Croix-Rousse de tous dégâts matériel, humain et sur les biens immobiliers. A l'origine, le périmètre incluait les immeubles situés juste au-dessus du tunnel, dans une bande large de 50 mètres. Sur demande des riverains, il a été étendu par le service des Balmes du Grand Lyon, sans aucune justification non plus. Un immeuble notamment, au bout de la rue des Fantasques, a été exclu de la zone, sans que l'on sache pourquoi.

On devrait en savoir plus jeudi soir à l'issue de la réunion publique sur les risques réels encourus par les riverains, plus nombreux de ce côté-ci du tunnel, dans l'un des plus beaux quartiers de Lyon.

(*) Il travaille dans l'industrie à Lyon et a souhaité garder l'anonymat.

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