Le Modem du Rhône présentait, mercredi 2 février, son programme pour les cantonales de mars prochain alors que ses candidats ne sont pas sûrs d'avoir l'investiture du Conseil National du mouvement démocrate pour faire campagne.
Rien n’est jamais simple au Modem du Rhône. Depuis les élections municipales de 2008, chaque élection locale est l’occasion pour la formation centriste de faire l’événement moins sur le registre politique que sur celui du grand-guignol.
On se rappelle de l'explosion façon puzzle du Modem lyonnais après l’abandon (depuis un plateau télé et en direct s’il vous plaît !) d’Azouz Begag aux dernières élections municipales. À l’époque, le Modem local s’était divisé en trois branches distinctes : il y avait eu le Modem de droite, le Modem du centre et le Modem de gauche. C’est à ce moment que la cartographie politique du Modem lyonnais est devenue parfaitement incompréhensible pour quiconque appréhende le jeu politique selon des repères enfantins et élémentaires: la gauche, la droite et le centre. À Lyon, le Modem était les trois à la fois. Illisible pour les électeurs.
On se souvient des régionales de l’an dernier. Azouz Begag (encore lui) avait fait campagne sur un tabouret mais tout seul. Il a été mis au piquet avec un bonnet d’âne sur la tête pour incapacité à mener une campagne politique. Lâché en effet par une trentaine de membres du Modem du Rhône, ils avaient fait savoir, par courrier, à François Bayrou qu’ils allaient faire jouer une “clause de conscience et un droit de retrait“. Le résultat fut sans appel. En Rhône-Alpes, le parti de Bayrou ne parvient pas à passer la barre des 5% des voix. De toute façon, ce n’était guère plus brillant dans les autres régions françaises.
Épée de Damoclès
Et pour les Cantonales de 2011 ? Rien ne change à cette nuance prés qu’Azouz Begag n’étant plus là pour endosser la responsabilité du désordre et de la confusion. D’abord il y a cet aveu de Cyrille Isaac-Sybille, le président de la fédération Modem du Rhône : « Le Modem souhaite économiser son énergie et ses candidats au niveau national. Au niveau du Rhône, on a souhaité être ambitieux en présentant beaucoup plus de candidats. Est-ce qu'on sera entendu ou est-ce que c'est la logique nationale qui primera ?" En clair, les élections cantonales ne sont pas la priorité de François Bayrou. Son idée fixe: la présidentielle. Et il n'entend sans doute pas entamer la conquête de l'Élysée avec un parti qui aura vu son assise électorale s'éffriter encore un peu plus lors des ces élections cantonales.
Conséquence, le Modem risque de ne pas présenter de candidats à Lyon. Les arbitrages se feront le 12 février prochain lors d'un conseil national du mouvement démocrate chargé de valider les candidatures du parti. Et les premiers échos se font assez défavorables pour des candidatures de cadres du Modem local comme Éric Lafond ou Stéphane Sacquépée. D'autres sont menacés comme Mahrez Benhadj sur le canton de Villeurbanne-Nord. Pourtant, ces candidats commencent à faire campagne et présentent un programme avec une épée de Damoclès sur la tête: se voir lâcher par Paris à la dernière minute.
Les arbitrages de Bayrou
Cette confusion du Modem lyonnais est systémique. À chaque élection, un problème se pose. Éric Lafond, un indépendantiste pur et dur du Modem qui refuse toute alliance avec le PS et l'UMP, se targue, grâce à cette ligne, d'avoir la légitimité de François Bayrou. Or, ce dernier a, par exemple, adoubé le villepiniste Azouz Begag contre Éric Lafond. Il arbitre en faveur d'Anne-Sophie Condemine en lui ménageant un espace politique alors que celle-ci n'a pas hésité à rejoindre Gérard Collomb. En clair, ce sont les arbitrages mêmes de Bayrou qui sont à l'origine de cette confusion permanente au niveau local. Le patron du Modem ne semble pas vouloir clarifier la situation politique de son mouvement à Lyon, terre historiquement favorable au centre. En témoigne cette relation de "je t'aime moi non plus" avec Éric Lafond.
Bayrou souhaite-t-il réellement qu'Éric Lafond conduise les destinées du Modem du Rhône ? Certains au sein du Modem en doutent sincèrement et expliquent qu'il y a un réel problème de confiance entre François Bayrou et Éric Lafond. "Lafond, en trois ans, n'a su créer un climat de travail et de confiance avec Bayrou. C'est la clé de nos difficultés locales" raconte un cacique du Modem du Rhône. Il ne serait donc pas surprenant qu'Éric Lafond voit sa candidature invalidée lors du Conseil National du 12 février prochain. En tout cas, des cadres du Modem indiquent que l'hypothèse est clairement sur la table.
Sursis
Sinon? ce mercredi 2 février, les candidats locaux du Modem ont organisé une conférence de presse pour présenter leur programme. Ils ont plusieurs priorités: renoncer à certaines compétences du Département pour le recentrer sur ses missions prioritaires "afin de dégager des marges de manoeuvre" ; coordonner tous les modes de transports en favorisant le co-voiturage notamment dans les zones rurales ; optimiser la dépense publique déjà engagée sur le musée des Confluences en regroupant sur le site les archives départementales ou la médiathèque départementale pour en faire un grand centre de la connaissance.
Mais comment considérer un programme quand les candidats qui le portent sont des candidats en sursis. Réponse le 12 février prochain.
C'est dommage pour ces candidats, de voir tout leur travail mis potentiellement à la poubelle, par un chef à l'égo hyper développé ! Mais, ils ne doivent s'en prendre qu'a eux même, s'ils acceptent ce diktat !
@ Yvan,Off tu sais, on a l'habitude maintenant. Notamment de se battre contre vents et marrés pour être présents aux élections en indépendants. C'est nettement plus agréable qu'être esclaves au PS ou à l'UMP. La dernière fois avec une couverture presse encore bien plus diffamante, sale et nauséabonde .. j'avais fais 8% 😉
a proiri, pas de candidature d'Azouz Begag aux cantonales.
Nâaaannnn c'est trop injuste pour Zouzou. Quel monde injuste pour les tabourets politiques.
L'important pour certains n'est pas d'être élu mais d'être remboursé des frais de campagne. Ainsi, certains qui n'ont rien à dire ou à proposer peuvent se payer au frais du contribuable, une bonne campagne de communication de leur patronyme.
Un peu de lecture pour notre contribuable lyonnais forcément pas partisan et intéressé par les programmes ;-)http://onevision.free.fr/modem/projetcantonalmodem.pdf
Ah mais je ne visais personne en particulier. Je décris une dérive du système. Et entre nous, je partage votre proposition de supprimer des strates de collectivités. Entre le conseil général, intercommunalité, conseil régional, parlement, sénat, europe, il semble que certaines strates soient devenues des rentes à professionel de la politique au profit de l'efficacité.