Rien à déclarer, Rien à cirer

Après le succès phénoménal des Ch’tis, Dany Boon revient avec une comédie policière… euh douanière dont le titre dit tout : Rien à déclarer.

Au début de Rien à déclarer, au poste de frontière belge : une voiture avance, passe la frontière, s’arrête, recule, la repasse, puis recommence. C’est le douanier belge Vandevoorde (Benoît Poelvoorde) qui teste la vigilance transfrontalière de son collègue (Bouli Lanners), vaillamment assoupi dans sa cahute. Voilà qui pourrait tout à fait résumer Rien à déclarer. Un film qui n’avance pas car dans le fond, Rien à déclarer est complètement à côté de la plaque. D’une, Dany Boon, ne semble pas savoir quel film il veut faire. Du coup, budget aidant, il les fait tous : western, film de poursuite, comédie romantique, remake de Taxi… mais c’est loin de faire le sien. Exemple flagrant, Boon ne sait pas quoi faire du personnage qu’il incarne, hésitant entre le benêt de Bienvenue chez les Ch’tis et un type lambda. Dans le doute ça dépend des scènes. Mais l’humoriste pouvait-il être plus à côté de la plaque quant au sujet de son film ? Pas tant cette histoire de douaniers franco-belges qui se détestent et doivent collaborer à l’heure de l’ouverture des frontières ; elle en vaut une autre. Mais quand on veut traiter le sujet du racisme n’y a-t-il pas mieux à faire que d’évoquer le conflit, certes millénaire ou presque, qui oppose deux peuples à coups de blagues à deux balles : le racisme franco-belge. Ce au moment même où la Belgique se déchire en querelles intérieures. En terme de timing on avouera qu’il est difficile de faire pire.

C’était mieux avant

Du coup, on ne retire du film que ses airs de “c’était mieux avant” (sous entendu l’ouverture des frontières, l’Europe et tout ce qui en découle) dans une diatribe un peu molle où les fonctionnaires (après La Poste, les Douaniers) passent une fois de plus pour des glands. Que dire aussi de sa morale si mignonne : les racistes, c’est pas de leur faute, ils sont nés comme ça, c’est quand même pas leur faute s’il y a des étrangers partout. A cet égard, on ne dévoilera pas le final du film (voua l’avez déjà vu de toute façon) mais il clôt l’ensemble d’une magnifique pincée de racisme anti-chinois à laquelle on n’ose à peine croire (Michel Leeb reviens !). Bon d’accord, mais est-ce qu’au moins on rit, et l’humour ? “Ben, ma bonne dame, comme disait le poète, l’humour c’est quand c’est drôle”. Et à moins d’être fin amateur de blagues belges (on prévient tout de suite qu’on ne saurait en apprendre de nouvelles ici), d’être nostalgique de l’humour de Bourvil (autant revoir Le Corniaud) ou d’aimer voir arriver un gag avec 30 secondes d’avance, on ne rit pas des masses. Il y a d’ailleurs un signe qui ne trompe pas : quand l’humour ne sait plus où donner de la tête, il retourne généralement à ses fondamentaux, ou plutôt à son fondement : le trou du cul. Or plus d’une fois, pendant des séquences entières, bien appuyées (il suffit de dire : “j’ai fait caca” et on a un gag pas cher), le transit dont il est question à la frontière franco-belge, n’est pas que touristique. Dommage que ce soit le seul domaine où il y ait un peu trop à déclarer.

Rien à déclarer
de Dany Boon
En salles.

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