Magistrats lyonnais : l'état de siège

Près de 350 magistrats et avocats étaient présents à 13h, jeudi 10 février, devant le nouveau palais de justice ( Lyon 3e.), dans le cadre de la journée nationale de la magistrature. En grève depuis mardi, ils ont manifesté et sommé Michel Mercier, garde des Sceaux lyonnais et président du Conseil général du Rhône, de prendre des mesures concrètes.

Lors d'un point presse organisé ce jeudi à 12h30 au palais de justice, 12 représentants des différents syndicats de la magistrature (CGT, USM, SNEPAP, FO et UNS) ont exprimé leurs ras-le-bol, après la nouvelle mise en cause de la profession la semaine dernière par Nicolas Sarkozy, à propos de l'affaire Lætitia.

Le mot d'ordre à Lyon, comme partout ailleurs, était le suivant : "Justice Attaquée, démocratie en danger". Les syndicats ont fait part à la presse de leurs inquiétudes quant au délabrement de la justice. Ils ont affirmé qu'ils attendaient maintenant une "réaction des pouvoirs publics à la hauteur des concitoyens et de la justice". Ils ont enfin demandé que "le gouvernement cesse ses attaques envers les magistrats" et qu'"aucune sanction ne s'applique contre les magistrats du procès de Pornic". Sans quoi, ils n'excluaient pas de prendre d'autres mesures dans les jours, voire les semaines ou les mois à venir.

Une mobilisation sans précédent

Les délégués syndicaux de la magistrature lyonnaise ont rappelé que le mouvement, de part son ampleur, était inédit à Lyon où un gros ras-le-bol commence à se faire sentir. Le représentant de la CGT a précisé que : "l'ensemble de la justice lyonnaise [était] touchée, sauf Cusset et Montluçon".

Les magistrats lyonnais plus concernés que jamais car, bien que la grogne soit partie de Nantes, le garde des Sceaux, Michel Mercier, que toute la profession somme aujourd'hui de prendre des mesures concrètes, est lui aussi Lyonnais. Nommé le 13 novembre et toujours président du Conseil général du Rhône, au moins jusqu'aux jusqu'aux élections cantonales des 20 et 27 mars prochain, les délégués syndicaux lyonnais ont réclamé aujourd'hui d'"être accompagnés par le garde des Sceaux, qui n'a pour l'instant eu aucune action exemplaire".

La faiblesse des moyens

Le Syndicat de la Magistrature lui a demandé aussi de pourvoir les 40 postes de greffiers et fonctionnaires non pourvus sur 291 estimés nécessaires par la chancellerie pour le Tribunal de Grande Instance de Lyon, ainsi que les 7 postes sur 51 pour le Tribunal d'Instance. Manque aussi 35 postes de conseillers d'insertion et de probation à Lyon, pour prendre en charge les 3000 dossiers correctionnels en attentes d'exécution qui concernent l'application des peines (10 000 en attente). Enfin, le syndicat aimerait que soient re-créées les 200 places jeunes majeurs supprimées depuis 6 ans, et que le projet de fermeture des 3 UEAJ soit stoppé.

Jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction, les magistrats lyonnais ont déclaré qu'ils feraient le strict nécessaire en ce qui concerne le traitement des dossiers judiciaires. "Nous attendons une réaction sérieuse des pouvoirs publics. Nous leurs demandons de prendre la mesure de l'exaspération et de la colère qui s'expriment sur le terrain", ont-ils terminé.

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