Menacé de fermeture depuis plusieurs semaines, l'internat Favre, établissement public centenaire qui accueille des enfants lyonnais en difficultés scolaires, sociales et familiales, a obtenu un sursis jusqu'en 2014. L'Etat, qui contribuait au financement de l'établissement depuis 2005 et comptait s'en désengager cette année, est finalement revenu sur sa position.
L'internat Favre est sauvé. Pour quatre ans en tout cas. Ce mardi 15 février, la Ville de Lyon annonçait que l'Etat s'était engagé à maintenir sa part de subventions au fonctionnement de l’établissement jusqu'en 2014. Logiquement, cette participation devait prendre fin cette année, en même temps que la convention qui liait la ville et l'Etat sur ce dossier. Une convention établie en 2005, lors de l'attribution du label d'internat de réussite éducative à l'internat Favre, dans le cadre de la loi de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo.
Un label amené à disparaître en 2010 et remplacé par le dispositif des internats d'excellence, auquel n'était pas éligible l'internat Favre, car non-doublé d'un établissement scolaire. Les aides financières de l'Etat auraient donc dû s'arrêter là.
200 000 euros annuels jusqu'en 2014
"Mais les négociations engagées depuis plusieurs mois", selon la Ville, ont permis d'obtenir le réengagement pluriannuel à hauteur de 200 000 euros de l'Etat. Un sursis jusqu'à décembre 2014, mais une diminution de 35% par rapport à la contribution apportée jusqu'en 2010. Le Conseil Général, lui, poursuit son engagement de 40 000 euros annuels (un soutien visant uniquement les enfants qui font l'objet d'une mesure administrative de protection de l'enfance prononcée, à hauteur de 15 euros par élève concerné et par jour).
"Notre persévérance dans ce dossier a peut-être contribué à ce que l'Etat revienne sur sa décision", estime Yves Fournel, adjoint au maire de Lyon délégué à l'éducation et la petite enfance, qui ajoutait mercredi 16 février lors d'un point presse informel à la mairie : "on a vraiment poussé au maximum les négociations, d'une part avec l'Etat, d'autre part avec le Conseil Général, pour préserver l'existence de l'internat Favre. Le fait que le Préfet du Rhône se soit battu pour cet établissement est un gage de reconnaissance de son utilité".
D'autres élus se sont réjouis de la nouvelle. Pour le groupe d'opposition municipale, "Ensemble pour Lyon" (UMP et Nouveau Centre), c'est un "véritable recul de la politique sociale de Lyon" qui est ainsi évité. Emmanuel Hamelin, conseiller municipal d'opposition, s'est quant à lui "réjouit de cette décision, pour les enfants et leurs familles, mais aussi pour l'ensemble du personnel de l'internat". "Je souhaite maintenant que Gérard Collomb prenne la bonne mesure de la situation, et qu'il prépare dès aujourd'hui l'après 2014", termine-t-il.
Une contribution en baisse... non sans conséquences
Si la fermeture de l'internat est évitée de justesse, la baisse significative du montant de la contribution de l'Etat ne sera pas sans effets. Le nombre d'enfants pris en charge sera réduit dès la rentrée 2011. 67 enfants scolarisés du CP à la 5ème sont actuellement accueillis à l'internat. Un chiffre qui varie en cours d'année selon les entrées et les sorties, mais qui peut aller jusqu'à 72 élèves. Sur les six groupes de 12 enfants, un disparaitra à la rentrée, soit douze élèves accueillis en moins. "On ne se situe pas en termes d'exclusion mais en termes de priorisation", affirme Yves Fournel. Les élèves issus de Lyon passeront donc en premier, tout comme les écoliers de l'élémentaire. Mais l'adjoint à l'Education précise toutefois qu'une étude au cas par cas des dossiers sera faite.
Quant au personnel de l'établissement, il est lui aussi menacé. Une réduction de l'effectif, qui est aujourd'hui de 44 personnes, pourrait bien avoir lieu, mais la Ville de Lyon affirme ne pas encore en connaître la portée. "Il y aura forcément des suppressions d'emplois, il y aura un ajustement qui correspondra au fait qu'il y a un groupe d'enfants en moins, mais je n'en connais pas encore les chiffres", assurait mercredi Yves Fournel.
Pour l'heure, la Ville de Lyon veut une reconnaissance de la mission de prévention de l'établissement par le Conseil Général, pour pouvoir travailler à une insertion de l'internat Favre dans le schéma départemental. "Si on est dans le droit commun, il n'y a pas de raison que l'internat Favre soit financé différemment des autres types établissements", affirme Yves Fournel. "Mais pour le moment, le Conseil Général ne reconnaît que les internats d'excellence et les internats de réinsertion scolaire". C'est un peu le chat qui se mord la queue.