Cécile Duflot : "Les socialistes doivent apprendre à travailler en partenariat"

INTERVIEW - La secrétaire nationale d'Europe Ecologie - les Verts est ce jeudi 10 mars à Lyon, en soutien aux candidats écologistes aux élections cantonales des 20 et 27 mars prochains. Elle répond aux questions de Lyon Capitale sur les enjeux du scrutin dans le Rhône, les enjeux locaux une fois les élections passées et les enjeux nationaux de son parti.

- Lyon Capitale : Pourquoi dans la Loire avoir fait alliance à Bourg-Argental avec le parti socialiste face au président sortant du conseil général et pas dans le Rhône où vous présentez autant de candidats que de cantons ? Vous espérez exister en tant que tel au sein du futur Conseil général du Rhône ?

Cécile Duflot : Pour vouloir faire un accord il faut être deux. Cela n'a pas été possible avec les socialistes dans le Rhône. La fermeture des élus socialistes de Villeurbanne, qui n'ont pas hésité à retirer aux écologistes leurs délégations municipales, est tout à fait incompréhensible.

- Vous croyez à une alternance à gauche le 27 mars dans le Rhône ?

Je la crois possible et souhaitable. Mais cela dépendra essentiellement des électeurs et électrices du Rhône qui se déplaceront les 20 et 27 mars.

- Un vice-président vert à l'issue du scrutin, c'est possible ?

Nous le souhaitons, à condition d'un accord de gouvernance clair. Le Rhône a besoin de plus d'écologie dans les transports, dans l'action sociale ou dans la gestion des collèges. De nombreux élus souhaitent mettre des produits bio et locaux pour les cantines, mais si des écologistes convaincus ne sont pas aux responsabilités, cette proposition ne dépasse souvent pas le stade de la promesse électorale. De même, la droite parle beaucoup de la dépendance, sans dire que dans les cartons se profile une coupe importante de l'APA (allocation personnalisée autonomie). Les écologistes défendent au contraire un véritable plan de prévention de la dépendance et de soutien pour le maintien à domicile.

- A la région Rhône-Alpes pourtant où vous avez fait un bon score lors des dernières élections régionales, vous avez 36 élus contre 47 au PS, vos élus provoquent bien souvent un blocage institutionnel à cause de leur désaccord avec le PS, pouvez-vous nous dire un mot sur cette situation et le but est-il le même au sein du futur Conseil général ?

Les socialistes doivent apprendre à travailler en partenariat. Nous ne faisons pas des accords pour être dans une majorité, mais pour porter des projets communs, respectant la place des différents partenaires.

- Sur les enjeux locaux une fois les élections passées, le tronçon ouest du périphérique qui dépend en partie du Conseil général est dans les cartons notamment. Êtes vous pour ? Il éviterait bien des bouchons aux lyonnais de l'ouest ... Michel Mercier, actuel président du Conseil général est pour.

C'est un projet qui repose sur de vieilles logiques. On peut sans fin augmenter le nombre d'autoroutes, on ne résoudra ni les problèmes de circulation, ni la crise pétrolière. La ligne D du métro transporte 280 000 voyageurs par jours, et a coûté le même montant que TEO, sur lequel ne passent que 50 000 véhicules quotidiennement. Où le conseil général souhaite-t-il placer ses priorités ? Aux électeurs de trancher.

- Le Grand stade, futur OL Land, le Conseil général est plus ou moins impliqué également dans la construction des futurs accès routiers au stade si controversé, vous vous positionnerez également contre ce projet si vous êtes élus ?

Le Grand Stade c'est 200 à 400 millions d'euros qui iront au foot-buisness, alors même que le sport amateur souffre de la baisse des budgets. Ce n'est pas à la collectivité publique de financer des intérêts privés. Encore une fois, un budget c'est une question de priorités.

- Êtes vous satisfaits, à Paris, de la contribution de notre candidat aux régionales 2010, Philippe Meirieu, depuis qu'il a remplacé Jean-Paul Besset à la tête du parlement d'Europe Ecologie- Les Verts ? Vous travaillez vous même avec lui, qu'en pensez-vous ?

Philippe Meirieu est unanimement apprécié pour son travail, sa compétence, sa patience. Je suis très heureuse de son arrivée à la présidence du Conseil fédéral d'Europe Ecologie Les Verts. Il sait travailler en collectif et est un très beau symbole du rassemblement des écologistes

- Les primaires d'Europe Ecologie – Les Verts qui visent à désigner le futur candidat du parti à la présidentielle, c'est pour quand ?

Au début ou à la fin de l'été, notre conseil fédéral le décidera début avril.

- Nicolas Hulot peut-il sérieusement représenter vos intérêts lors de la présidentielle de 2012 ? Face à lui, Eva Joly, ancienne juge contre un ancien animateur télé, on est vraiment dans les extrêmes, une partie de vos électeurs risqueraient de se sentir exclus d'office....

Eva comme Nicolas représentent, chacun à leur manière, un cheminement vers l'écologie, le parcours de celles et ceux qui ne sont pas nés écologistes mais qui le sont devenus. Les écologistes sont fiers et forts de leurs diversités. Au moment du lancement de la campagne européenne, pour de nombreux journalistes la présence d'Eva Joly, l'ancienne juge, et de José Bové, le militant de la désobéissance civile, paraissait impossible. Le temps nous a donné raison.

- Martine Aubry était à Lyon ce mercredi. Quand on sait que les électeurs du PS actuellement déçus pour bon nombre d'entre eux par les leaders nationaux du parti peuvent être séduits par ceux d'Europe Ecologie - Les Verts, en tout cas au niveau national, y a-t-il un lien entre votre venue à Lyon, annoncée il y a seulement 5 jours, et celle de Martine Aubry la veille ?

- Absolument aucun, puisque mon déplacement dans le Rhône était prévu depuis un mois et demi…

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